Les États-Unis et la Grande Guerre : le reniement des Pères fondateurs

Avec leur participation à la Première Guerre mondiale, les États-Unis s’immiscent pour la première fois dans les déchirements de la vieille Europe dont ils s’étaient jusque-là scrupuleusement tenus à l’écart. Mais l’événement est d’une telle ampleur qu’il provoque au sein de la nation un heurt frontal entre deux conceptions diamétralement opposées de la place et du rôle des États-Unis dans le monde.

publié le 26/12/2023 Par Éric Juillot

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La Première Guerre mondiale éclate au moment même où la volonté de puissance américaine atteint un stade qui la rend compatible avec l’intervention dans ce conflit, en dépit de – ou peut-être à cause – de sa durée et de son intensité. Quelle meilleure preuve de cette ambition de jouer un rôle de premier plan que d’intervenir au cœur du gigantesque brasier européen ? Cependant, pour que la participation effective au conflit ait vraiment lieu, il faut encore faire sauter certains verrous politiques et culturels importants, à commencer par les principes directeurs les plus fondamentaux de la politique étrangère américaine depuis la fin du XVIIIe siècle.

Dans son célèbre discours d’adieu de septembre 1796, George Washington, devenu président, avait adjuré ses concitoyens de toujours se tenir scrupuleusement à l’écart des affaires de la vieille Europe. À la même époque, Jefferson insistait plus spécifiquement, avec son principe du non-étranglement, sur l’importance pour les États-Unis de refuser systématiquement toute idée d’alliance contraignante, sous peine d’être entraînés malgré eux dans des conflits lointains et de devenir une nation comme les autres.

Quand l’inconcevable finit par s’imposer : une entrée en guerre en forme de mue culturelle

Un siècle plus tard, la vénération dont les « Pères fondateurs » font l’objet n’empêche nullement que l’on estime nécessaire de s’affranchir des principes qu’ils ont légués au pays : si ceux-ci ont constitué de précieuses boussoles tout au long du XIXe, « l’Amérique » désormais sûre de sa force et de ce qu’elle peut apporter au monde se voit dans l’obligation de s’en détourner.

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