Face à la « menace systémique » chinoise, l’OTAN surveille l’Asie

Nulle surprise, les ordres du jour des sommets annuels de l’OTAN à Madrid en juin 2022, puis à Vilnius en juillet 2023, focalisaient sur la résurgence de la guerre en Europe. L’invitation du Japon, de la Corée du Sud, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande à ces deux rencontres suggère que les préoccupations de l’OTAN s’étendent bien au-delà du conflit russo-ukrainien. En théorie, l’acronyme OTAN, « Organisation du traité de l’Atlantique Nord », définit sa raison d’être et son rayon d’action. En réalité, cette dernière s’est singulièrement élargie au sommet de Madrid. À l’issue de ce sommet décisif, une mise à jour du concept stratégique de l’Alliance a été entérinée par ses États membres. Désormais, il inclut la Chine devenue « une menace systémique ».

publié le 18/03/2024 Par Jack Thompson

À l’instar d’Alexandre le Grand, l’OTAN serait-elle prise de cette hubris folle qui la pousserait à aller toujours de l’avant vers l’Est ? Au premier abord, l’élargissement de l’OTAN vers l’Extrême-Orient est physiquement inconcevable. Qu’irait-elle faire à des milliers de kilomètres de ses bases occidentales ? Et comment ? Avec quels moyens ? Alors qu’elle peine à soutenir l’effort de guerre en Ukraine, l’idée d’une OTAN asiatique est saugrenue. Le sommet de Madrid a pourtant esquissé les premières lignes de ce qui est devenu un mantra. « Nous nous trouvons face à une compétition systémique de la part d’acteurs, parmi lesquels la République populaire de Chine (RPC), qui portent atteinte à nos intérêts, à notre sécurité et à nos valeurs, et qui cherchent à fragiliser l’ordre international fondé sur des règles ».

Une défense tous azimuts

Le précédent concept stratégique otanien fut établi en 2010. La résurgence de la guerre en Europe l’a rendu obsolète, une mise à jour substantielle s’imposait. L’Alliance prône désormais une « approche à 360 degrés» et redéfinit ses priorités : « la dissuasion et la défense, la prévention et la gestion des crises, et la sécurité coopérative ».

Au-delà du conflit russo-ukrainien, la montée en puissance de la Chine, tant par son ampleur que son opacité, suscite un malaise en Occident. « Elle [la RPC] recourt à une large panoplie d’outils politiques, économiques et militaires pour renforcer sa présence dans le monde et projeter sa puissance », s’inquiète l’OTAN. Cyberattaques, campagnes de désinformation, pressions économiques, mainmises sur des secteurs stratégiques clés, etc., le document énumère les actions pernicieuses de la Chine. L’objectif de Pékin est défini : « déstabiliser l’ordre international fondé sur des règles ». Notons tout de même que ces règles ont été établies... par l’Occident.

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