Les modifications brutales de la politique commerciale de l’administration américaine ont laissé entendre que le processus de mondialisation, dont la montée en puissance avait été actée à partir des années 1990, prenait désormais fin. Mais au-delà des apparences, la montée d’un certain protectionnisme à travers le monde n’avait pas attendu l’arrivée de la nouvelle administration américaine. Plus encore, la mondialisation ne peut se résumer au libre-échange ; elle revêt d’autres dimensions, dont la plus redoutable est celle de la financiarisation qui, loin de s’affaisser, est plus dynamique que jamais. Mais à force de regarder les malheurs du libre-échange, le regard se déplace au mauvais endroit. Avec une Union européenne dont les actions ne cessent de se réduire dans les nouvelles configurations économiques et politiques, la période qui s’ouvre ne marque-t-elle pas surtout l’accélération du délitement européen ? Fin de la mondialisation ou déclin inexorable de l’Union européenne ? La question reste ouverte.

Force est de constater que le second mandat de Donald Trump met à mal une créature étasunienne : la mondialisation. Celle-ci a fait l’objet d’une vaste promotion au cours de la décennie 1990 et particulièrement à l’époque des présidences Clinton (1993-2001), mais sans que jamais les États-Unis ne se désarment en matière douanière ou de protectionnisme. Il suffit de penser aux manipulations du dollar après la fin des accords de Bretton Woods et notamment au cours de la décennie 1970, ou encore aux dispositifs légaux (les sections 301 de 1974 et super 301 de 1998) qui avaient été conçus pour protéger les activités américaines d’une concurrence commerciale extérieure dite déloyale.
Les États-Unis avaient déjà repris l’offensive commerciale avec les présidences Obama. C’est en revanche la première présidence Trump qui a marqué une inclinaison nouvelle en recourant à une vieille arme protectionniste à plus grande échelle : les tarifs douaniers.
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le mouvement mondial avait été celui d’un désarmement économique en la matière, même si des pics pouvaient demeurer. La présidence Biden n’est pas revenue sur les dispositifs de son prédécesseur, mais elle a généré un protectionnisme plus furtif en tentant d’attirer les investisseurs étrangers aux États-Unis par le biais d’avantages fiscaux. C’est la seconde présidence Trump qui a décidé d’engager le pays sur une modalité plus agressive pour des motifs extérieurs, mais aussi intérieurs. Ainsi, pour mieux consolider les avantages fiscaux des plus aisés par des réductions massives d’impôts, l’administration Trump a jugé nécessaire d’imaginer des rentrées fiscales sur le reste du monde, quitte à ce que le consommateur américain souffre du renchérissement des importations.
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