La France vit aujourd’hui une situation paradoxale : les véritables enjeux dont découle la gravité de sa situation économique ne se reflètent pas dans les débats qui agitent l’univers politico-médiatique, consacrés le plus souvent à des sujets très secondaires. Ce rabougrissement de la réflexion économique est le résultat terminal de la domination de l’idéologie néolibérale, dont le règne fort heureusement s’achève.

publié le 13/10/2025 Par Éric Juillot
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Il est un fait dans l’actualité économique qui devrait susciter une consternation générale : en 2025, pour la première fois depuis 1978, la balance commerciale agroalimentaire de la France devrait être déficitaire. Que notre pays connaisse un tel déclin productif dans un secteur où il a longtemps dominé en Europe et au-delà a quelque chose de spectaculaire et d’inquiétant. Ce déficit ne constitue cependant pas une surprise, car il était annoncé depuis plusieurs années. Il est étrange en revanche que rien n’ait été fait de substantiel pour enrayer cette évolution, comme si les acteurs concernés – c’est-à-dire le pays tout entier – étaient condamnés à une forme d’impuissance.

Quarante ans de déclin néolibéral

Il faut reconnaître que tel est le cas, et ajouter immédiatement qu’il s’agit d’une impuissance consentie, résultat d’un processus historique engagé il y a plusieurs décennies. Le déficit agricole vient en effet s’ajouter à celui de beaucoup de branches industrielles, pour gonfler un peu plus encore un déficit commercial structurel – puisque vieux de plus de vingt ans – et d’une ampleur inédite dans l’histoire contemporaine de la France.

Plus grave encore, ce déficit n’est qu’un marqueur parmi d’autres d’un affaissement économique global : une désindustrialisation poussée, sans équivalent dans le monde développé sinon aux États-Unis et au Royaume-Uni, un chômage de masse (5 millions d’inscrits à Pôle emploi), et un endettement public, inédit en temps de paix, équivalent à 115 % du PIB (3 400 milliards d’euros). Tous ces marqueurs lourds s’aggravent au fil des ans en dépit de l’inquiétude qu’ils suscitent chez les citoyens et de l’action des responsables politiques. Le fait est bien connu : il alimente une crise politique rampante et met le pays à la portée d’un choc majeur à côté duquel l’instabilité actuelle, qui fait couler beaucoup d’encre, semblera rétrospectivement insignifiante si par malheur il se produit.

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