« Il y a une demande d'autoritarisme, on doute de la démocratie » Gaël Brustier

La gauche est à la fois faible et brutale, tandis que la droite continue à se radicaliser. Le penseur de la droitisation, Gaël Brustier, auteur notamment de Le mai 68 conservateur : que reste-t-il de la Manif pour tous ? (Cerf, 2014) et de Le Désordre idéologique (Cerf, 2017), détaille ce qu’il entend par ce concept, fait le bilan des élections présidentielles et législatives et mesure les dangers qui pèsent sur la démocratie dans un contexte de décivilisation.

publié le 03/08/2022 Par Laurent Ottavi
« Il y a une demande d'autoritarisme, on doute de la démocratie » Gaël Brustier

Laurent Ottavi (Élucid) : D’où est né votre concept de « droitisation » et quels sont ses ressorts ?

Gaël Brustier : Je le dois en partie à Francis Ford Coppola et à William Friedkin ! Au cours d’un débat entre les deux réalisateurs, l’un déclarait qu’en 1981 la contestation avait basculé à droite. En entendant cela, j’ai trouvé l’élément unificateur du manuscrit sur lequel je travaillais avec Jean-Philippe Huelin, déjà coauteur avec moi de Recherche le peuple désespérément, paru en 2009 (François Bourin). Ce nouveau livre que nous écrivions ensemble s’appelle Voyage au bout de la droite. Il est sous-titré « des paniques morales (un concept repris du sociologue Stanley Cohen) à la contestation droitière » (Mille et une nuits, 2011).

Le ressort principal de la droitisation est l’angoisse d’un déclin de l’Occident vis-à-vis du reste du monde, croisé à l’angoisse d’un déclassement personnel. La première est omniprésente dans l’imaginaire, comme le montrent les films à succès, tandis que la seconde est palpable lorsque l’on se rend dans la France populaire. Avec Jean-Philippe Huelin, nous sommes tous deux issus de petites villes ouvrières qui ont subi la désindustrialisation de plein fouet. Nous avons pu constater que dans cette France le petit-fils de l’électeur communiste a tendance à voter Rassemblement national et le petit-fils de l’électeur socialiste a tendance à voter pour Les Républicains. Sans que cela soit systématique évidemment, mais c’est une tendance lourde.

Élucid : Comment se manifeste cette droitisation dans les comportements et les attentes des gens ?

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