
Les États, dit-on, sont des monstres froids les uns par rapport aux autres. Ils se soucieraient uniquement de défendre leurs intérêts nationaux. Si les circonstances l’exigent, ils iraient même pour ce faire jusqu’à pactiser avec le diable.
À rebours de ce réalisme teinté de machiavélisme, le vocabulaire géopolitique des représentants du peuple français se caractérise pourtant d’abord par sa sentimentalité et son moralisme. Il s’est reconfiguré autour des pôles de l’amitié et de la peur, de la solidarité et de l’ostracisme, de l’amour et de la haine.
La famille occidentale
Les discours prononcés par Nicolas Sarkozy, à l’occasion du retour dans le commandement intégré de l’OTAN, contenaient des mots qui en disaient déjà très long sur la représentation du monde et de soi des élites françaises. Le président avait alors évoqué la réintégration de la nation au sein de la « la famille occidentale », une expression rare, mais aux déclinaisons fréquentes dans la sphère médiatico-politique.
La métaphore de la famille était celle utilisée au XIXe siècle par Ernest Renan dans sa célèbre conférence sur la nation. En effet, famille et nation sont toutes deux des communautés « pour la vie et pour la mort » fondées sur une même origine, la conscience d’une identité commune, le partage de mœurs, d’une même approche « du juste, du vrai, du beau » et d’une volonté de demeurer ensemble. La solidarité y transcende le calcul des intérêts, les membres de la famille venant en aide aux plus en difficultés, comme les régions les plus riches subventionnent indirectement les plus pauvres pour compenser les divergences économiques induites au sein d’une nation.
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