Dès son arrivée à la Maison-Blanche, Donald Trump décide de geler les fonds de l’USAID, l’Agence des États-Unis pour le développement international. L’objectif déclaré est de rediriger les deniers fédéraux vers des projets compatibles avec l’idéologie de la nouvelle administration, mais de multiples voix s’élèvent immédiatement pour crier au scandale. Voulant dénoncer les effets désastreux de cette décision, la presse française, affolée, présente l’USAID comme une œuvre de bienfaisance qui répandait jusqu’alors sa générosité à travers le monde. Reporters sans frontières ajoute à la panique, en soulignant que le gel des fonds de l’USAID aura un impact catastrophique sur nombre de médias indépendants, largement biberonnés aux subsides de l’agence américaine. Aussi belles soient ces déclarations d’indignation en apparence, une telle présentation est pour le moins trompeuse. Peut-on vraiment parler d’indépendance quand le financement en cause provient de l’État le plus puissant du monde ? Plus encore, peut-on sérieusement croire à une prétendue prodigalité désintéressée de ce débonnaire oncle Sam, soucieux d’alléger partout sur la planète les souffrances des plus démunis ?

Sans nier les apports réels à court terme de l’USAID sur des programmes humanitaires, il est crucial de rappeler, Histoire à l’appui, le rôle réel de cette organisation au sein du système impérialiste qui régit encore le monde, et de dévoiler (ou de rappeler) sa vraie nature qui, dès sa création, a été celle d’une arme d’ingérence et n’a jamais cessé de l’être.
Un rouage de l’impérialisme américain
Il est tout à fait vrai que l’USAID gère et finance des programmes d’aide, à la fois d’urgence humanitaire et de développement sur le plus long terme. Il est donc tout aussi vrai que l’arrêt brutal du financement de ces projets peut entraîner des conséquences désastreuses à certains endroits du globe. Cependant, quand les grands médias se cantonnent à ce niveau d’analyse, ils font preuve d’une courte vue qui ne les honore pas (mais qui, malheureusement, ne surprend pas non plus).
Même en considérant seulement le volet humanitaire de l’USAID, on peut constater assez rapidement l’aspect profondément dysfonctionnel de ses programmes. En parcourant les descriptifs de nombre d'entre eux, un premier problème saute aux yeux : tous, dans leur construction, sont profondément marqués par l’idéologie économique de leur pays exportateur. Il est ainsi régulièrement question de croissance, de développement d’un marché, d’adaptation à la concurrence pour l’emploi, de rentabilité… Beaucoup de ces projets s’inscrivent donc dans le cadre du capitalisme néolibéral, et contribuent ainsi à faire perdurer un ordre qui est à la racine des problèmes qu’ils prétendent régler.
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