Initialement réclamée par une société civile lassée d’être confrontée à un État tout puissant et autoritaire, et mise en place par la gauche, la décentralisation a finalement été endossée par tout le spectre politique « gouvernemental ». Ce système se retourne maintenant contre ceux qui l’ont réclamé, les compétences ayant suivi mais les moyens ayant fondu, dans une cure d’austérité managériale à grande échelle.

publié le 22/05/2025 Par Luc Weinstein

Jusqu’aux lois de décentralisation à partir de 1982, en France, les collectivités locales (communes et départements) étaient sous une tutelle extrêmement forte de l’État. Chacun de leurs actes devait, pour entrer en vigueur, être approuvé préalablement par le préfet de département, représentant de l’État central. Pour en donner une vision à peine exagérée, mais qui décrit l’état d’esprit de cette organisation : un maire ne pouvait presque pas aller aux toilettes sans autorisation préalable du préfet.

Face à cette emprise très forte de l’État central et sous l’impulsion notamment de la deuxième gauche politique et syndicale (1), a émergé dans les années 1960 et 1970 un mouvement politique prônant la décentralisation, avec notamment la fin de la tutelle préalable de l’État sur les collectivités locales, et l’accroissement des pouvoirs de ces dernières.

Une démocratisation manquée

Ce mouvement est né à gauche pour des raisons évidentes à l’époque : la droite semblait partie pour être perpétuellement au pouvoir et, si les préfets se gardaient bien d’ennuyer trop les élus de ce bord, il pouvait en aller tout autrement avec les maires socialistes et communistes lorsqu’ils tentaient de mettre en place, à l’échelle locale, des politiques mal vues par la droite au pouvoir.

Dans le contexte d’un gouvernement alors toujours aux mains de la droite, c’est à gauche qu’est née cette revendication. Mais il n’y avait aucune raison à ce que la décentralisation ne soit pas soutenue par l’ensemble du spectre politique, comme la suite le démontrera.

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