Les États-Unis conduits par le président Trump passent à l’offensive en matière commerciale et visent, comme lors du premier mandat de ce dernier, les pays ou ensembles régionaux avec lesquels les États-Unis sont en déficit. Depuis la Maison-Blanche, le 2 avril 2025, il annonce officiellement la guerre commerciale à une large partie du monde en augmentant de manière rapide, brutale les tarifs douaniers. Mais sous pression des marchés financiers, Donald Trump a annoncé une suspension de 90 jours des taxes douanières dites « réciproques » – maintenant un simple taux plancher général de 10 % sur les produits étrangers – seule la Chine reste taxée à 125 %. D’autres annonces sont à venir de sa part sur la question des semi-conducteurs. Face à une position américaine en apparence offensive, on pourrait croire que l’Union européenne ne dispose pas de moyens de réponse. Mais si les enjeux financiers sont importants, ils ne doivent pas masquer étrangement le fait que les États-Unis sont en difficulté.

publié le 15/04/2025 Par Frédéric Farah

Cette guerre commerciale exprime plus la perte de vitesse des États-Unis que leur domination indiscutable. Il appartient aux Européens d’y répondre intelligemment, mais c’est là que le bât blesse, car la désorganisation européenne et le manque d’intérêts communs risquent de donner à la manœuvre une victoire commerciale qui ne va pas de soi.

« Je ne connais pas grand-chose aux droits de douane, mais je sais une chose, c’est que lorsque nous achetons des biens manufacturés à l’extérieur, nous avons les biens et les étrangers ont l’argent, mais lorsque nous achetons ces biens chez nous, nous avons à la fois les biens et l’argent » – Abraham Lincoln (1)

Cette citation du président de la période de la guerre civile américaine (1861-1865) n’a rien de surprenant tant les États-Unis ont pensé le protectionnisme avec Hamilton et l’ont largement pratiqué. Plus encore, la victoire du Nord en 1865 renforce l’évolution d’un protectionnisme qui a été qualifié comme « le plus cynique et le plus outrancier auquel un gouvernement ait jamais cédé au nom de l’égoïsme national ».

En 1890, le tarif McKinley passe à une moyenne de 50 %, encore relevée à 57 % en 1897 par le tarif Dingley. Un dicton qui avait cours à l’époque affirmait que « chaque produit importé [était] une insulte ». Le président McKinley avait fait campagne autour de la protection douanière et voyait dans l’augmentation des tarifs un moyen d’alimenter le Trésor public américain. Il fut renforcé par la proposition de Nelson Dingley, président du comité des voies et moyens. Ce dernier fut à l’origine des tarifs les plus élevés de l’histoire commerciale américaine.

Lisez la suite et soutenez un média indépendant sans publicité

S’abonner
Accès illimité au site à partir de 1€
Des analyses graphiques pour prendre du recul sur les grands sujets de l’actualité
Des chroniques et des interviews de personnalités publiques trop peu entendues
Des synthèses d’ouvrages dans notre bibliothèque d’autodéfense intellectuelle
Et bien plus encore....

Déjà abonné ? Connectez-vous