Le Conseil de sécurité de l’ONU peut voter toutes les sanctions possibles et imaginables, la Corée du Nord est et restera une puissance nucléaire. Le Dirigeant suprême de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), Kim Jong-un, le clame haut et fort : jamais il ne renoncera à son arsenal nucléaire. Pire, Kim Jong-un prône aujourd’hui « l’augmentation exponentielle » du stock de ses armes de destruction massive. Au sud du 38e parallèle séparant les deux Corées, Séoul a fini par s’émouvoir de ces sempiternelles menaces de vitrification venues du Nord. La Corée du Sud envisage à son tour de se doter de sa propre dissuasion nucléaire...
Freedom Shield 23 (« bouclier de la liberté 2023 »), l’exercice militaire annuel entre la Corée du Sud et les États-Unis débuté le 13 mars dernier s’adapte à l’air du temps, précisément à « l’évolution de l’environnement de sécurité ». Un euphémisme pour qualifier la fièvre qui s’est emparée du régime nord-coréen adonné depuis janvier 2022 à une débauche d’essais balistiques sans précédent. Au cours de l’année écoulée, Pyongyang a tiré plus de 60 missiles contre six en 2021.
Avec ses missiles balistiques intercontinentaux (ICBM), dont les Hwasong-15 (portée théorique de 13 000 km) et Hwasong-17 (portée théorique de 15 000 km, soit l’ensemble du globe à l’exception de l’Amérique du Sud), Pyongyang disposerait de vecteurs capables de frapper les États-Unis. En parallèle, des missiles à combustible solide – plus maniables et difficiles à détecter avant leur ignition que ceux à carburant liquide – sont expérimentés. Cerise sur ce champignon atomique, les ingénieurs nord-coréens progressent également à vitesse grand V dans le domaine des missiles hypersoniques.
Aux premiers jours de 2022, l’agence officielle de presse nord-coréenne (KCNA) annonçait la réussite de trois tirs successifs de missiles à plus de Mach 5 (6 174 km/h). Un an et plus de 70 missiles plus tard, l’alliance US-ROK (United States, Republic of Korea) organisait « Freedom Shield ». Au programme, « teak knife », une simulation de frappes sur la Corée du Nord. Pour l’occasion, le Pentagone a exhibé ces bombardiers lourds de la Guerre froide, les fameux (ou pas) B52 à capacité nucléaire. Le message convoyé par l’armée sud-coréenne est sans ambiguïté : ces opérations incluaient « des procédures de temps de guerre pour repousser de potentielles attaques nord-coréennes et mener une campagne de stabilisation dans le Nord ».
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