Un compromis ne satisfait véritablement personne ; l’accord de Bougival de juillet 2025 concernant la Nouvelle-Calédonie ne fait pas exception à la règle. Critiqué par certains partisans de l’union avec la France pour l’ampleur potentielle de ses concessions, l’accord a également été accueilli par les indépendantistes avec une réserve qui se mue rapidement en hostilité déclarée, dans ce qui ressemble de plus en plus à un piteux retour à la case départ.

Le mardi 12 août, le Front de libération kanak et socialiste (FLNKS), principal parti indépendantiste kanak, a confirmé son rejet de l’accord de Bougival, négocié entre le gouvernement et les autres partis politiques calédoniens. Cette décision était attendue, et ne constitue pas une surprise.
Comme le discours a changé, depuis la signature de l’accord, le 12 juillet dernier ! Alors présenté par le gouvernement et par certains observateurs comme un véritable triomphe, inespéré voire miraculeux, venant apporter une solution juste et définitive au problème calédonien, l’accord a rapidement suscité un scepticisme grandissant, au fur et à mesure du décryptage de son contenu. Bien vite, l’enthousiasme est complètement retombé.
Lorsque le FNLKS a commencé à exprimer sa désapprobation, allant jusqu’à ouvertement désavouer sa propre délégation, qui avait pourtant signé le texte, il est apparu probable que l’accord ne recueillerait pas le soutien des indépendantistes. Avant même l’annonce du 12 août, le ministre de l’Outre-mer, Manuel Valls, avait annoncé qu’il se rendrait en Nouvelle-Calédonie pour reprendre le dialogue. Même si l’accord n’est pas – encore – mis au rebut, la montagne risque fort d’accoucher d’une souris. Pourtant, ce résultat était prévisible.
Un texte grevé par d’irréconciliables contradictions
La Nouvelle-Calédonie, tout comme la Polynésie française, est inscrite sur la liste des Nations unies de territoires non autonomes, qui restent encore à décoloniser. La décolonisation ne signifie toutefois pas nécessairement l’indépendance : la libre intégration au sein d’un État indépendant, de même que la libre association avec un autre État, sont deux autres voies possibles. Néanmoins, le maintien sur cette liste du territoire calédonien constitue un signal fort et continu envoyé à la France par la communauté internationale que la situation et le statut actuels de la Nouvelle-Calédonie ne sont pas satisfaisants, et qu’il convient, d’une manière ou d’une autre, de mener à bien le processus de décolonisation. Les accords de Matignon, en 1988, puis de Nouméa, en 1998, de même que les référendums sur l’indépendance de 2018, 2020 et 2021, se sont inscrits dans le cadre de ce processus. L’accord de Bougival a été présenté comme constituant la prochaine étape, voire comme la résolution du problème.
Lisez la suite et soutenez un média indépendant sans publicité
S’abonnerAccès illimité au site à partir de 1€
Déjà abonné ? Connectez-vous
6 commentaires
Devenez abonné !
Vous souhaitez pouvoir commenter nos articles et échanger avec notre communauté de lecteurs ? Abonnez-vous pour accéder à cette fonctionnalité.
S'abonner