Un lourd passé colonial oppose les Sud-Coréens aux Japonais. Les premiers ne se satisfont pas des excuses tant verbales que financières de l’ex-ennemi. Les seconds, eux, estiment qu’ils en ont assez fait. Hors de question de revenir encore et encore sur les années sombres de l’empire du Soleil levant. Or, une double urgence sécuritaire inquiète Séoul et Tokyo : la Chine et la Corée du Nord. Pour le président sud-coréen Yoon Suk-yeol, il n’est plus temps de tergiverser. L’avenir de la nation ne peut être mis à mal par les blessures du passé. Au grand dam de ses compatriotes, Yoon s’est rendu au Japon, puis aux États-Unis.
Sorti d’un isolement moyenâgeux en 1868 (début de la révolution meiji), le Japon se modernisa de manière fulgurante. Trois décennies plus tard, les armées impériales se lancèrent à l’assaut de l’Asie et s’y taillèrent un empire. Envoyant par le fond une flotte russe dépassée dans le détroit de Tsushima, Tokyo s’affirma dès 1905 comme une puissance militaire incontournable. Dans la foulée, l’Empire coréen (1897-1910) devint un protectorat avant d’être annexé en 1910. Le « Pays du Matin calme » ne recouvrera son indépendance qu’en 1945. Entretemps, les troupes d’occupation japonaises s’y révélèrent d’une extrême brutalité.
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, la péninsule coréenne fut exploitée comme un réservoir de nourriture, de matières premières et de main-d’œuvre corvéable à merci. Prisées par la soldatesque nipponne, les Coréennes furent enrôlées en tant que « femmes de réconfort » dans les bordels de campagne. Les Coréens estiment que 780 000 hommes participèrent contre leur gré à l’effort de guerre japonais. À ces réquisitionnés s’ajoutent 200 000 « femmes de réconfort », dont une majorité de Coréennes, mais aussi des Chinoises et des Philippines.
Des dommages de guerre définitifs
Vingt ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le 22 juin 1965, le Japon et la République de Corée (ROC fondée en 1948) paraphèrent un traité normalisant leurs relations. Tout d’abord, le Japon s’engagea à verser 800 millions de dollars, une partie en dons (300 millions), l’autre en prêts publics et privés « à long terme et à faible intérêt » (200 et 300 millions respectivement) à la ROC. Ensuite, ce traité présente un caractère irrévocable :
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