Dans les jours précédant l’ouverture de la 80e session de l’Assemblée générale des Nations unies, le 23 septembre 2025, une dizaine de pays occidentaux, dont la France, ont reconnu la Palestine en tant qu’État souverain. Le symbole est fort, mais il arrive bien tard. Et surtout, encore faut-il œuvrer pour qu’il ne reste pas qu’un simple symbole.

publié le 05/10/2025 Par Paul Fernandez-Mateo
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Emmanuel Macron et Keir Starmer, le Premier ministre britannique, avaient pourtant prévenu : si Israël ne fournissait pas des preuves de sa bonne volonté à obtenir un cessez-le-feu à Gaza, la France et le Royaume-Uni reconnaîtraient l’indépendance de la Palestine. Et si les tergiversations sur la question se sont éternisées pendant plusieurs mois, l’approche de la 80e session de l’Assemblée générale des Nations unies, une instance où la Palestine est déjà reconnue comme État par une écrasante majorité des membres des Nations unies, semble avoir emporté la décision.

Si l’on fait le choix de mettre de côté les motivations de politique intérieure qui ont présidé à cette prise de décision – et il est évident qu’il y en avait ! – il s’agit là, à n’en pas douter, d’un sérieux revers pour la politique étrangère israélienne, et d’une bonne nouvelle – toute relative – pour les Palestiniens. Cette décision marque aussi la fin de plusieurs décennies de politique de l’autruche de la France concernant le conflit israélo-palestinien, pendant lesquelles l’Élysée conditionnait la reconnaissance de la Palestine en tant qu’État à une solution politique comprenant un accord avec Israël. Cependant, cet accord n’a fait que devenir de plus en plus improbable au fur et à mesure que la politique israélienne de colonisation de la Cisjordanie et de blocus de la bande de Gaza s’est systématisée.

Toutefois, au vu de la situation actuelle à Gaza, la reconnaissance de la Palestine ressemble beaucoup à un choix a minima. Un symbole significatif, à n’en pas douter, et un soulagement pour le droit international, si souvent ignoré ces derniers temps que tout pas dans la bonne direction est bon à prendre. Mais elle n’implique aucune véritable obligation pour les États ayant reconnu la Palestine, en dehors de traiter l’Autorité palestinienne comme une entité souveraine, ce qui était déjà de facto le cas. Même leurs relations avec Israël peuvent demeurer inchangées – même si, au vu du degré de mécontentement du gouvernement israélien devant cette décision, il est probable qu’elles se rafraîchissent quelque peu. La reconnaissance de la Palestine ne doit donc pas être considérée comme l’achèvement d’un processus, mais comme le début d’un nouveau ; elle ne constitue, après tout, qu’un retour à la normale longtemps repoussé.

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