Avec le gouvernement Attal, le macronisme entre en phase terminale

D’ordinaire, un remaniement ministériel présente peu d’intérêt. Au sortir d’une crise ou après un échec électoral, il constitue une sorte de rite grâce auquel un chef d’État contesté et impopulaire tente de persuader l’opinion publique qu’il est à son écoute. Pourtant, à l’exception des grands médias et des soutiens d'Emmanuel Macron qui en frétillent d’excitation, personne n’est dupe. Le remaniement n’est rien de plus qu’un jeu de chaises musicales politicien, un ajustement cosmétique dont l’effet sur le cours des choses est proche du néant.

Une auto-destitution présidentielle ?

Il en va tout autrement dans le cas présent. L’arrivée de Gabriel Attal à Matignon constitue une rupture. Sa jeunesse, sur laquelle glose la totalité des commentateurs, en est la cause la plus évidente. On devrait s’en étonner, mais l’indigence idéologique des milieux gouvernementaux laisse beaucoup de place à ce genre de considération, qu’une démocratie vigoureuse devrait traiter de manière secondaire. Ce qui donne à l’âge du nouveau Premier ministre autant d’importance relève sans doute du jeunisme propre à notre époque, mais là n’est pas l’essentiel. Il y a près de quarante ans, en 1984, la France se flattait déjà d’avoir à Matignon un fringant jeune Premier ministre en la personne de Laurent Fabius, alors âgé de 37 ans.

Ce qui importe ici, c’est qu’en choisissant Gabriel Attal, le chef de l’État a fait le choix de s’effacer politiquement, dans le cadre de ce qui s’apparente à une sorte d’auto-destitution. Alors qu’Emmanuel Macron n’avait pour lui que sa jeunesse, il a décidé en effet de s’asseoir sur son seul atout, en plaçant dans la lumière un responsable politique de treize ans son cadet. S’il faut encore une fois se désoler de l’importance que revêtent ces considérations dans la France d’aujourd’hui, elle confère au remaniement une dimension inédite.