Même si la gauche est arrivée en tête à l’issue des scrutins législatifs français et britannique, la victoire écrasante (en apparence) du Parti travailliste de Keir Starmer contraste avec l’absence de majorité à l’Assemblée nationale française. Pourtant, aussi différents soient-ils, ces deux paysages politiques sont confrontés à des défis analogues. Les débats autour du mode de scrutin, la place de la politique étrangère (notamment de la question palestinienne) et la contestation des partis traditionnels sont autant de points communs à décrypter.
Les deux puissances européennes, principales démocraties libérales du vieux continent, sont forcément comparables. Les deux pays comptent environ 68 millions d’habitants et figurent parmi les dix pays les plus riches du monde – en termes de produit intérieur brut (PIB). Le Royaume-Uni est la sixième économie du monde, la France la septième. Il y a 30 ans, les deux pays figuraient encore parmi les cinq pays les plus riches : la France était quatrième, le Royaume-Uni cinquième.
Au-delà de ce « déclassement », au profit des géants asiatiques, chinois et indien, les deux pays pâtissent des mêmes maux sur le plan démocratique et social : une forte défiance à l’égard des élites dirigeantes et une augmentation de la pauvreté – conjuguée avec des services publics évanescents.
Les différences culturelles et politiques que l’on a tendance à exhiber relèvent, à bien des égards, de ce que Freud appelait le narcissisme des petites différences : « communautarisme » britannique versus républicanisme et universalisme français ; spécificité de la laïcité française ; libéralisme débridé au Royaume-Uni versus « étatisme » français ; atlantisme britannique versus indépendance française.
Dans les faits, l’attachement des Britanniques au National Health Service (NHS) n’a rien à envier à l’attachement des Français à la Sécurité sociale. Les deux institutions ont d’ailleurs émergé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Des différences de degré
Les vraies différences entre la France et le Royaume-Uni aujourd’hui sont des différences de degré plutôt que des différences de nature. Sur le plan démocratique, la situation est plus inquiétante en France : passages en force du président de la République, interdictions de manifestations, impossibilité de s’accorder sur une interprétation d’un résultat électoral, etc…
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