Santé publique : les dilemmes politiques d’hier et d'aujourd’hui

La crise sanitaire de la Covid-19 a mis en lumière l’extrême difficulté, pour les pouvoirs publics, de mettre en œuvre une politique de santé susceptible d’en juguler les effets au moindre coût humains et financiers.

Sans même tenir compte de l’impréparation relative des systèmes de santé à un choc d’une telle ampleur, sans non plus s’attarder sur les croyances ou les convictions propres aux responsables politiques qui peuvent retarder l’adoption de mesures d’ampleur au premier stade de l’épidémie, il faut convenir que les décisions sont prises à l’intérieur de ce qui ressemble, au moins en première approche, à un triangle d’incompatibilité, dont les trois angles, représentant autant de buts, sont les suivants : le sanitaire (avec pour objectif de sauver le plus de vies), l’économique (sauver l’emploi, préserver la richesse nationale), le politique (préserver les libertés, garantir la stabilité des institutions).

Dans un tel cadre, il est impossible de se rapprocher d’un objectif sans porter atteinte aux deux autres ; autant dire que, dans chacun de ces domaines, les décisions adoptées par les responsables politiques sont vouées à dépasser rapidement les bornes de l’acceptable pour de larges secteurs de l’opinion publique.

Il résulte de cette réalité complexe une gestion de crise tâtonnante, une communication fluctuante, indépendamment même des failles ou carences propres aux personnes ou aux institutions (ce qui n'excuse en rien les fautes politiques ou les mensonges).

Dans une telle configuration, le noyau problématique de la politique à mettre en œuvre intrique étroitement la contrainte et la liberté : l’une et l’autre figurent au cœur du processus de lutte contre l’épidémie, mais dans un rapport voué à alimenter sans fin des débats passionnés, car portant sur un sujet sensible entre tous.