Le chef des gardiens de la révolution en Syrie, Jawad Ghaffari, aurait été renvoyé du pays à la demande du président Bachar el-Assad. Selon plusieurs sources, le chef iranien a effectivement quitté la Syrie, mais la cause de ce départ reste floue. Cependant, la récupération et la médiatisation de cet événement par le régime syrien illustrent parfaitement le climat de tensions qui s’installe entre les deux alliés.

publié le 13/12/2021 Par Pierre-Yves Baillet
Syrie : La présence de l’Iran attise les tensions entre Damas et Téhéran

Jawad Ghaffari, dont le véritable nom serait Ahmed Madani, est un des hauts membres du Conseil des gardiens de la révolution iranienne (CGRI). Il a participé à la guerre Iran-Irak (1980-1988) aux côtés de Qassem Soleimani. En 2015, il a été nommé commandant de toutes les milices chiites en Syrie à la mort du général Hossein Hamadani.

Le commandant s’est surtout fait connaitre lors du siège d’Alep pour avoir fait tirer sur les convois d’évacuations alors qu’un accord entre les belligérants avait été trouvé. Il est considéré comme gênant pour les Russes comme pour les Syriens. Selon Israël, Ghaffari serait l’organisateur d’attaques de drones sur le pays hébreu. En Syrie, l’officier iranien est accusé de corruption et de prendre part à des trafics illégaux. Le cas de Ghaffari n’est pas à part. L’armée syrienne et les milices fonctionnent aussi ainsi.

La médiatisation de son renvoi, à la demande de Bachar el-Assad, sert deux objectifs. Le président syrien est ainsi perçu comme un homme fort et il rassure la part de sa population hostile à l’Iran. Au-delà de Ghaffari, c’est la présence iranienne qui est remise en cause. En effet une partie grandissante de l’élite syrienne et de la population s’offusque de la présence, de plus en plus importante, de l’Iran dans le pays alors que la guerre touche à sa fin.

L’Iran de plus en plus présent

Sur l’affaire Ghaffari, l’Iran joue le jeu de l’apaisement avec Damas. La République islamique rappelle l’un de ses plus fidèles commandements sans pour autant renoncer à sa place en Syrie. Selon Navvar Saban, chercheur et expert militaire au Omran Center, « la présence de Téhéran et de ses auxiliaires s’est consolidée au fil des années de manière à créer un ancrage communautaire et à s’implanter localement, rendant aujourd’hui très difficile le fait d’extraire la République islamique de Syrie ».

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