Pour l'ancien ministre du Travail de François Mitterrand, les acquis sociaux et les réformes du droit du travail du début des années 80 sont des éléments essentiels qu'il faut conserver et protéger. Dans cet entretien inédit réalisé par Olivier Berruyer en 2016, Jean Auroux, à l'origine d'une profonde réforme du droit du travail en 1982, revient avec moult anecdotes sur son arrivée au ministère du Travail après la victoire de François Mitterrand.
Il insiste sur l'importance du dialogue social et des retours de terrain dans la construction des lois, et regrette l'explosion de l'intérim, la faiblesse du droit d'expression en entreprise et la hausse considérable du poids de la finance dans le monde du travail. Il dénonce enfin l'explosion de l’individualisation, l’affaiblissement du collectif, l'Europe des marchands qui n'a jamais voulu être sociale, et la classe des énarques auto-entretenue par « la complaisance, la connivence et la cooptation ».
Jean Auroux (1942 —) est un homme politique français. Ancien professeur dans un lycée à Roanne, puis inspecteur d’académie à Lyon, il commence une carrière politique dans les années 1970, en se présentant aux élections cantonales de 1976 sous la bannière du Parti socialiste. Il fut par la suite chargé des questions sur le logement dans l’équipe de campagne de François Mitterrand, puis nommé ministre du Travail. À cette occasion, il fut à l’origine d’importantes réformes du droit du travail, les fameuses « Lois Auroux ».
Olivier Berruyer : Monsieur Auroux, vous avez été nommé ministre du Travail en 1981, quel a été le parcours qui vous a conduit au gouvernement ?
Jean Auroux : Tout d'abord, je n’étais pas programmé pour avoir une « carrière politique » même si je n’aime pas trop le mot. Mon ambition était d’entrer dans l’enseignement. Je suis d’ailleurs devenu professeur de Lettres dans un lycée technique à Roanne, dans lequel je suis resté une quinzaine d’années. J’avais alors pour intention de devenir inspecteur d’académie. J’étais adhérent du PS depuis 1972 — au moment de l’union. Je n’avais guère d’engagement politique, mais arrivent les élections cantonales de 1976. Au moment de désigner un candidat, personne n’a voulu y aller ; j'ai fini par dire oui. À la surprise générale, j’ai été élu ; le député en place avait été battu par un inconnu.
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