Les congrès quinquennaux du parti communiste chinois (PCC) relèvent pour l’essentiel du non-événements. Absolument tout est arrêté des mois en amont : des chorégraphies destinées à valider aux yeux du monde les décisions prises au sein d’un système politique opaque. Ce XXe Congrès n’a pas échappé à cette règle. Toutefois, la concentration attendue des pouvoirs entre les mains de Xi Jinping a surpris par son ampleur sans précédent. Selon ses propres mots, une nouvelle ère s’ouvre, celle du « marxisme de la Chine contemporaine et du XXIe siècle », une ère incarnant la quintessence de la pensée présidentielle.
La séquence ne manquait pas de piquant : sous les ordres express de Xi Jinping, l’ancien président chinois Hu Jintao s’est littéralement fait éjecter du Congrès devant les caméras du monde entier, sauf les chinoises opportunément en pause. Au-delà du manque total de respect — en Chine, le respect dû aux aînés va de soi, du moins en théorie —, la désinvolture de la nomenklatura chinoise interpelle. Tous regardaient ailleurs, Hu Jintao n’avait pas quitté la scène qu’il n’existait déjà plus.
Pourquoi cela a-t-il été filmé ? Était-ce un message destiné à d’éventuels opposants, voire au reste du monde ? Ou n’était-ce qu’un incident mineur ? À 79 ans, Hu Jintao paraissait désorienté, selon l’agence Chine Nouvelle, « il ne sentait pas bien ». On peut gloser indéfiniment sur la signification de ce rare instant. Un fait demeure : aucun dignitaire n’a osé exprimer une once d’empathie pour l’ancien chef d’État. Imagine-t-on Emmanuel Macron ordonnant de raccompagner François Hollande ou Nicolas Sarkozy vers la sortie hors d’un cénacle, sans susciter de vives réactions ?
Les luttes d’influences au sommet du parti
Au-delà d’être le prédécesseur de Xi Jinping, Hu Jintao fut un temps le Secrétaire Général de la Ligue de la jeunesse communiste chinoise (CYLC, acronyme anglais), une faction opposée à « l’armée du Zhejiang ». Cette dernière se compose de fidèles de Xi Jinping dont le point commun est d’avoir exercé des fonctions publiques dans la province du Zhejiang et/ou d’être proches de la famille du président. Depuis son accession à la tête de l’État, Xi Jinping n’a eu de cesse de saper l’influence de la CYCL. En 2012, la Ligue comptait 90 millions d’adhérents et disposait d’un budget de 700 millions de yuans contre 76 millions d’adhérents et 260 millions de yuans en 2021.
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