L’ascenseur social est en panne : un « ressenti » ou une réalité économique ?

Fin 2023, une enquête IPSOS révélait que plus de 8 Français sur 10 trouvaient leur travail utile, intéressant et stimulant. Toutefois, plus de la moitié se déclaraient simultanément insatisfaits de leur salaire et pessimistes sur ses perspectives d’évolution. Et cette proportion s'avère encore plus élevée chez les employés et les non-diplômés, souvent situés dans le bas de l’échelle des revenus. Disons les choses clairement : ce pessimisme est tout sauf un simple ressenti ; c'est une triste réalité économique pour nombre de Français.

publié le 19/03/2024 Par Alexandra Buste, Xavier Lalbin

C’est une étude de l’INSEE qui le confirme : globalement, depuis 20 ans, les Français stagnent dans l’échelle des revenus, une inertie qui est d’autant plus marquée en bas et en haut de la distribution des revenus. Ainsi, tandis que les deux tiers des Français les plus modestes n’améliorent pas leur situation, à l’opposé du spectre des revenus, un tiers voit sa situation se détériorer. Dans l'enquête IPSOS, 6 parents sur 10 se disent pessimistes quant à l’avenir de leurs enfants. Là aussi, difficile de leur donner tort.

Différents indicateurs convergent vers le même diagnostic : la panne de l’ascenseur social français. Les inégalités persistent entre générations et la France se place derrière de nombreux pays de l’OCDE, dont les pays scandinaves ou l’Australie. Une étude de l'OCDE montre qu'en France, il faut 6 générations pour qu’une famille issue des 10 % les plus modestes atteigne le niveau de revenu moyen du pays. C’est 4,5 générations en moyenne dans l’OCDE, 4 en Espagne ou en Belgique et même seulement 2 générations au Danemark. Ces inégalités s’observent dès la naissance et les politiques publiques peinent à juguler leur persistance à l’âge adulte.

La mobilité sociale est le thermomètre de l’égalité des chances d’une société

La mobilité sociale mesure l'évolution de la situation socioprofessionnelle d’un individu au cours du temps. Lorsqu’elle estime les évolutions socioprofessionnelles d’une personne par rapport à ses parents, on parle de mobilité intergénérationnelle. Mais la mobilité sociale peut aussi évaluer les changements en cours de carrière, comme une promotion ou un déclassement. Il s’agit alors de mobilité intragénérationnelle.

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