« Technophile ou technophobe ? La pensée n'a pas de camp » - Dany-Robert Dufour

Dany-Robert Dufour est professeur émérite à Paris VIII et ancien directeur de programme au Collège international de philosophie. Son œuvre, qui se situe à l’intersection de la sémiologie, de la philosophie et de la psychanalyse, est une critique radicale de la culture produite sous le règne du capitalisme.

Il est notamment l’auteur d’une trilogie de référence sur le libéralisme (L’art de réduire les têtes, Denoël, 2003 ; Le divin marché, Gallimard, 2007 ; La cité perverse, Denoël, 2009), d’une histoire souterraine du capitalisme, Baise ton prochain (Actes Sud, 2019) et d’un livre d’entretiens avec le philosophe Thibault Isabel, Fils d’Anar et philosophe (RN, 2021). Dany-Robert Dufour explique ici comment échapper à la fois à la fuite en avant et à la réaction en matière de technologies afin d’atteindre le but d’une société écologique et décente.

Laurent Ottavi (Élucid) - Vous plaidez dans plusieurs de vos livres pour un « droit d’inventaire » par rapport aux grands récits grec et judéo-chrétien. De cette façon, nous pourrions tourner de la meilleure façon possible la page du récit libéral fondé sur l’amour de soi. Votre droit d’inventaire s’applique-t-il aussi aux technologies aujourd’hui existantes ?

Dany-Robert Dufour - Oui. J’en appelle à un droit d’inventaire partout. C’est l’exact contraire du « dire n’importe quoi » auquel incitent les réseaux dits sociaux. Car cela suppose de s’informer auprès de sources sûres, de ne retenir que les faits avérés, d’argumenter logiquement, de répondre aux objections fondées et… de fuir les débats soi-disant démocratiques repérables au fait qu’ils proposent un vote à la fin : « Like »/« Don't like ».