L’unité des classes supérieures des différents pays contraste avec la division des classes populaires. La sociologue Anne-Catherine Wagner, spécialisée dans les recherches sur les classes sociales et les mobilités internationales, qui a notamment fait paraître La mondialisation des classes sociales (La Découverte, 2020) , souligne à quel point la mondialisation réactive les clivages entre les classes. Elle analyse les ruptures créées par la mondialisation par rapport aux précédentes stratifications sociales et pointe les inégalités qu’elle a engendrées.
Laurent Ottavi (Élucid) : Vous accordez beaucoup d’importance à la notion de capital culturel. Pouvez-vous préciser, dans un premier temps, ce que ce concept de Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron recouvre et en quoi il ne faut pas s’en tenir seulement à l’aspect économique des classes ?
Anne-Catherine Wagner : Pour les sociologues, le capital caractérise, dans la lignée du marxisme, un rapport social d’exploitation. C’est l’acception de Pierre Bourdieu, qui a toutefois souligné que ce rapport de domination n’était pas seulement fondé sur l’argent, le capital économique. Il y a d’autres facteurs, dont fait partie le capital culturel, à savoir la culture, l’aisance avec le langage et principalement les diplômes. Quant à la notion de classe sociale, il existe beaucoup de débats autour de sa définition. Elle s’emploie surtout en situation, c’est-à-dire qu’il faut penser les rapports de classes : les rapports inégaux entre différents groupes qui ne disposent pas des mêmes ressources et ont des intérêts divergents.
Les classes se sont construites dans les États-nations, car c’est au sein de sociétés délimitées qu’elles se définissent les unes par rapport aux autres. Par conséquent, la condition ouvrière n’est pas la même en France qu’au Portugal ou aux États-Unis. Les ouvriers s’organisent principalement par rapport à un système de relations professionnelles, à des rapports de classes, à un système politique spécifique à chaque pays. Cependant, il y a aussi des racines internationales aux classes sociales, à la fois dans la bourgeoisie, dans l’aristocratie – qui a été internationale avant même d’être nationale – et dans le mouvement ouvrier – qui a d’anciennes traditions internationalistes.
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