« La précarité à l'université crée une compétition pour sauver sa peau »

La précarité s’est répandue dans l’université, comme dans les autres services publics, avec des conséquences sociales majeures pour les enseignants et sur la qualité de la recherche. Dans son livre, Précarité générale : témoignage d’un rescapé de l’Université (Textuel), Charles Bosvieux-Onyekwelu, chercheur au CNRS en sociologie et rattaché au Centre Norbert Elias à Marseille, part des difficultés qu’il a lui-même rencontrées pour rendre compte de la situation générale de l’institution et de ses membres.

publié le 01/10/2023 Par Laurent Ottavi

Laurent Ottavi (Élucid) : Votre livre est né dans un contexte bien particulier. Pouvez-vous expliquer à quelle expérience il fait suite ?

Charles Bosvieux-Onyekwelu : Le livre a pour origine un long courriel, intitulé « Témoignage d’un rescapé », que j’avais envoyé sur les listes françaises de diffusions professionnelles de la sociologie de la science politique (cela représente environ 5 000 personnes), peu après mon recrutement au CNRS. J’avais projeté d’écrire ce témoignage pendant les années où, après avoir soutenu ma thèse, je travaillais d’arrache-pied pour obtenir un poste – une épreuve sur le plan existentiel –, mais aussi un enseignement sur l’état de la recherche et des services publics en France. Le message, qui a ensuite tourné sur d’autres supports, a suscité beaucoup de réactions. Il a conduit Textuel à me proposer de le faire paraître sous une forme augmentée. Je n’ai donc pas écrit un essai, mais plutôt un livre d’intervention.

Je personnalise – ce qui est le propre du témoignage – mais mon but est aussi, paradoxalement, de départiculariser mon expérience, car ce que j’ai vécu est malheureusement monnaie courante dans le monde de l’enseignement supérieur et de la recherche. On sous-estime le niveau de méconnaissance de la population sur ce qui passe à l’université, et j’espère ainsi attirer l’attention des gens qui ont des leviers d’action, pour qu’ils comprennent qu’on ne peut plus continuer comme ça et qu’on va droit dans le mur.

Élucid : Pourquoi avoir choisi d'utiliser le terme de « rescapé » ?

Lisez la suite et soutenez un média indépendant sans publicité

S’abonner
Accès illimité au site à partir de 1€
Des analyses graphiques pour prendre du recul sur les grands sujets de l’actualité
Des chroniques et des interviews de personnalités publiques trop peu entendues
Des synthèses d’ouvrages dans notre bibliothèque d’autodéfense intellectuelle
Et bien plus encore....

Déjà abonné ? Connectez-vous