Érigé en exemple à suivre dans le débat public français depuis plus de deux décennies, le modèle économique allemand s’essouffle. La guerre en Ukraine et la politique commerciale protectionniste des États-Unis aggravent une situation déjà tendue. Sans compter la concurrence internationale accrue et notamment de la part de la Chine, à laquelle les entreprises allemandes font face. L’économie de ce pays de 80 millions d'habitants s’est hissée à la troisième place mondiale en fabriquant et en exportant des produits d'ingénierie, voitures, robots, trains, machines industrielles, etc. Aujourd'hui, le « made in Germany » a du plomb dans l’aile et l'Allemagne ne semble pas disposer de plan B.

La production industrielle de l’Allemagne, première économie de l'Union européenne, est en déclin depuis plus de cinq ans. Depuis deux ans, notre voisin d’outre-Rhin est en récession, le produit intérieur brut (PIB) réel s’est contracté de 0,2 % en 2024, après une baisse de 0,3 % en 2023.
Les piliers de l’économie allemande s’effondrent
Selon l'agence fédérale allemande des statistiques, une récession de deux ans est un événement exceptionnel qui ne s'était précédemment produit qu'une fois depuis 1951. De quoi susciter l’inquiétude dans un pays où le secteur manufacturier représente environ 5,5 millions d'emplois et 20 % du produit intérieur brut (PIB).


Le spectre de la désindustrialisation avait jusqu’à récemment relativement épargné le pays, mais le dynamisme de la production industrielle allemande n’est plus qu’un vieux souvenir.
Déjà à la traîne de la zone euro et de la moyenne de l’Union européenne à la fin des années 2010, depuis 2018 c’est la dégringolade pour le secteur manufacturier allemand. Par rapport au plus haut de 2018, le volume de production a baissé de 15 %. Avec une perte de presque 10 % par rapport à 2014, l’Allemagne trouve même le moyen de décrocher de la France qui, après la chute durant la crise Covid, est remontée à son niveau de 2014 malgré un secteur industriel moribond.


Le modèle économique allemand, tant vanté dans le débat politico-médiatique hexagonal, montre la fragilité de ses piliers. Le premier, fondé sur les importations énergétiques bon marché en provenance de Russie, a été ébranlé par la guerre en Ukraine. Le deuxième pilier, soit la large exposition aux marchés mondiaux via les exportations, est remis en question par les droits de douane de Donald Trump. Enfin, le troisième pilier, soit la suprématie en matière de voitures ou d'équipements manufacturiers, est bousculé par la montée en gamme de la Chine. L'Allemagne profite pourtant largement de l’euro, qui a empêché la monnaie nationale allemande de s’apprécier au fil des années, ce qui aurait réduit sa compétitivité et rééquilibré sa balance commerciale.
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