La propagande néolibérale dénonce un absentéisme injustifié et abusif des fonctionnaires, et reporte la faute sur les individus en mettant sous le tapis la responsabilité des politiques publiques menées depuis quarante ans. L'urgence impliquerait d'agir pour pénaliser les fonctionnaires qui « abuseraient » des arrêts maladie. Sauf qu'une lecture minutieuse du rapport de l’Inspection générale des finances et des affaires sociales révèle les incohérences (pour ne pas dire les mensonges) de la propagande gouvernementale. Analyse.
« En 10 ans, le nombre de jours d’absence a augmenté de 80 % dans la fonction publique. Il est urgent d’agir. […] Lutter contre l’absentéisme dans la fonction publique est une urgence absolue ». Ces propos ont été tenus par Guillaume Kasbarian, ex-ministre de la Fonction publique, dans une interview donnée le 27 octobre 2024 au journal Le Figaro.
La rhétorique alarmiste utilisée par l'ex-ministre ne doit sûrement rien au hasard, avec une formulation qui suggère un absentéisme injustifié et abusif et qui reporte la faute sur les épaules de l’individu en mettant sous le tapis la responsabilité des politiques publiques (réduction des budgets, aggravation des conditions de travail, salaires, etc.). Pour l'ex-ministre Kasbarian, l’urgence de la situation entérinait de fait la décision de prendre deux mesures drastiques : deux jours de carence supplémentaires et 10 % d'indemnisation en moins en cas d'absence pour maladie.
Les chiffres qui motivaient ces décisions venaient du rapport de l’Inspection générale des finances et des affaires sociales (IGF-IGAS) sur les arrêts maladie des fonctionnaires. En 2022, il relevait 14,5 jours d’absence maladie par salarié dans la fonction publique contre 11,7 jours dans le privé – des chiffres en augmentation par rapport à la période pré-Covid avec un « coût des absences pour raison de santé […] évalué à 15 Md€ en 2022 ».
Une lecture plus minutieuse permet de relever deux incohérences dans l’utilisation des données par l'ex-ministre. D’une part, le producteur des données explique que la comparaison pré-Covid et post-Covid est impossible car il n’y a pas de chiffres… c’est pourtant ce qu'a fait Guillaume Kasbarian. D’autre part, le rapport est beaucoup plus nuancé et explique clairement les causes des différences d’absences pour maladies dans le public et le privé. Et « révélations » : ces absences ne sont ni injustifiées ni abusives...
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