Souvent décrié – et pour de très bonnes raisons – le PIB offre cependant une bonne vision de la production économique de la France, et donc de l’évolution de nos revenus et de notre pouvoir d’achat. Sa croissance, boostée dans les Trente Glorieuses, a connu deux grandes cassures, en 1973 et 2008, qui l’ont amené à un niveau assez bas, et encore plus si l'on raisonne par habitant. Si ces chutes de croissance sont à l'évidence bonnes pour nos écosystèmes, il est néanmoins indispensable de modifier en profondeur notre système économique et notre répartition des revenus, de façon à ce que la future stagnation du PIB – voire sa décroissance – soit aussi bénéfique pour la majorité des citoyens.

publié le 04/07/2024 Par Olivier Berruyer

1- Une augmentation ininterrompue depuis 1950
2- Un rôle accru des dépenses publiques
3- De moins en moins de croissance
4- L'intérêt du PIB par habitant
5- La fin de la croissance ?
Ce qu'il faut retenir


Le fameux PIB (Produit Intérieur Brut) est un indicateur économique qui mesure la production économique, c’est-à-dire la valeur de tous les biens et services produits. Le PIB de la France s’est ainsi élevé en 2023 à près de 2 820 Md€.

Une augmentation ininterrompue depuis 1950

En France, la Comptabilité Nationale calcule le PIB depuis 1949. Il n’a cessé d’augmenter depuis cette date, sauf lors de quelques brèves crises économiques majeures. Afin de mieux apprécier son évolution réelle, on corrige ce « PIB courant » en retirant l’effet de l’inflation, pour aboutir à ce qu'on nomme un « PIB Réel ».

PIB annuel de la France, 1950-2023PIB annuel de la France, 1950-2023

C’est l’évolution de ce « PIB réel » qui constitue alors la sacro-sainte croissance, dont on parle tant. Elle a atteint le maigre chiffre de +0,9 % en 2023.

Croissance annuelle en volume du PIB de la France, 1990-2023Croissance annuelle en volume du PIB de la France, 1990-2023

La croissance apparaît élevée depuis 2021, mais il s’agit principalement du rattrapage de la crise économique de 2020. En valeur réelle, le PIB 2023 est à peine supérieur à celui de 2019. On peut noter que cette maigrichonne croissance a nécessité un déficit public de plus de 5 % du PIB, c’est-à-dire que cette somme a été dépensée sans avoir été financée.

De plus, si le calcul du PIB courant est trivial (il suffit d’additionner les comptes de toutes les entreprises du pays), celui du PIB réel fait appel à l’inflation et peut donc être contesté, ne serait-ce que par la méthode de calcul de l’inflation de l’Insee, qui fait souvent l’objet de critiques. Les résultats issus de la méthodologie française s’éloignent d’ailleurs de plus en plus de ceux d’Eurostat, qui utilise une méthode homogène validée par les instituts statistiques des 27 pays de l’UE. En 2022, il y avait pratiquement 1 point d’écart, ce qui gonfle fictivement d’autant la croissance affichée.

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