Carlos Tavares, PDG de Stellantis, devrait toucher 36,5 millions d’euros sur l’année 2023, rémunération qui, en ligne avec celle d’autres grands patrons, donne le vertige. Son augmentation est de +56 % par rapport à l’an passé, en totale décorrélation avec les salaires des Français qui baissent sévèrement depuis 2017. En élargissant la focale aux PDG du CAC40, le constat reste identique. Rien qu’en 2022, les grands patrons gagnaient en moyenne 130 fois plus que leurs salariés, un chiffre qui a doublé depuis les années 1980 selon un récent rapport d'Oxfam. Un sujet qui devrait être au cœur des élections législatives anticipées du 30 juin et 7 juillet prochains.
Et c’est ainsi que Carlos Tavares justifie sa hausse de salaire : « 90 % de mon salaire, il est fait par les résultats de l'entreprise ». En effet, c'est la financiarisation de l’économie, débutée il y a plus de quarante ans, qui a contribué à indexer les objectifs des grands patrons sur la satisfaction des actionnaires. Les fameux « résultats de l’entreprise » du patron de Stellantis passent par la distribution de généreux dividendes ou le rachat d’actions pour stimuler les performances boursières des actionnaires. Ce dispositif alimente une recherche du profit rapide, à base de plans stratégiques à court terme, de délocalisations et de licenciements. Pour Stellantis, ce ne sont pas moins de 130 000 emplois qui ont ainsi été supprimés depuis 2020.
Dans cette course à l'échalote du toujours plus de rendement financier, les salariés sont les grands perdants. Dans le secteur privé, leur augmentation de salaire est trois fois moindre que celle des PDG. Plus largement, dans l’ensemble de la société, en moyenne, le pouvoir d’achat du travail s’érode depuis les années 1980 et s’effondre depuis 2017. Pourtant, pour le gouvernement d’Emmanuel Macron, la taxation des « élites » économiques, qui pourrait permettre de rebattre légèrement les cartes des inégalités, n’est pas à l’ordre du jour des législatives anticipées… Bien au contraire, sa politique n'a fait qu'aggraver les inégalités dans le pays.
Des PDG français payés en moyenne 130 fois plus que leurs employés
Selon le dernier rapport d’Oxfam, entre 2019 et 2022, les bénéfices annuels des entreprises du CAC40 ont augmenté de 50 %, pour se hisser à 142 milliards d’euros. Dans un contexte morose dans lequel la majorité de nos compatriotes perd du pouvoir d’achat – notamment du fait du retour d’une inflation galopante – et dans lequel la transition écologique de l’économie nécessite des investissements colossaux, les entreprises du CAC40 font cavalier seul.
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