Après une décennie passée dans l’ombre d’Emmanuel Macron et après avoir géré les dossiers économiques français les plus stratégiques, Alexis Kohler a quitté ses fonctions de Secrétaire général de l’Élysée. Épuisé par l’exercice du pouvoir autant que par son maître, l’homme fort de la Macronie s’est aussitôt parachuté à la Société Générale en tant que Directeur général adjoint en charge des fusions-acquisitions (M&A), des marchés de capitaux propres (equity capital markets) et du financement d’acquisitions. Un pantouflage qui indigne, alors que l’intéressé a été mis en examen en 2022 pour prise illégale d’intérêts : il lui est reproché d’avoir, de 2009 à 2016, « participé » à plusieurs délibérations favorisant de près ou de loin l’armateur italo-suisse MSC, malgré ses liens familiaux avec la famille Aponte, qui le dirige.

publié le 10/09/2025 Par Marine Rabreau
alexis-kohler-elysee-societe-generale-pantouflage-xxl-intouchable

Directeur de cabinet d’Emmanuel Macron à Bercy entre 2014 et 2016 puis Secrétaire général de l’Élysée dès 2017 et jusqu’à mars 2025 – le 2e record de longévité sous la Ve République –, Alexis Kohler n’était pas seulement le confident, le stratège et le garant démocratique du président Macron : il était la tour de contrôle de l’État. Surnommé le « vice-président » de la République et considéré comme l’un des hommes les plus puissants de France, il a habilement façonné les décisions, imposé les arbitrages, et verrouillé la machine exécutive. Kohler a joué le rôle de « géomètre qui met en ordre la machine de l’État », qui « corrige les défauts » d’un Emmanuel Macron « saltimbanque », rapporte Le Point. Comme il l’a lui-même énoncé, son bureau (qui jouxtait celui du président) représentait une « gare de triage ». Tout passait par lui, et c’est lui qui avait le dernier mot sur les arbitrages.

Cet homme, né en 1972 à Strasbourg, passé par absolument tous les rouages de l’élite politique française (Essec, ENA – promotion Averroès –, Sciences Po, HEC, Trésor, FMI…), est discret et pudique – il refuse les interviews et n'est apparu publiquement que lors des annonces de nouveau gouvernement, sur le perron de l’Élysée – et considéré comme austère, même s’il est capable aussi de dévoiler un vrai sens du l’humour. Il arbore un profil de technocrate implacable : il « lit tout, regarde tout avec un œil laser, précis, rigoureux… le bureau comme la tête : bien rangé », pouvait-on lire dès 2017 dans les colonnes de L'Express.

Lisez la suite et soutenez un média indépendant sans publicité

S’abonner
Accès illimité au site à partir de 1€
Des analyses graphiques pour prendre du recul sur les grands sujets de l’actualité
Des chroniques et des interviews de personnalités publiques trop peu entendues
Des synthèses d’ouvrages dans notre bibliothèque d’autodéfense intellectuelle
Et bien plus encore....

Déjà abonné ? Connectez-vous