Depuis la dernière dissolution de l'Assemblée nationale, la vie des gouvernements est plus que jamais placée sous le signe de l’incertitude. Le macronisme finissant est désormais marqué par une instabilité gouvernementale inconnue dans l’histoire de la Ve République. Les mobilisations ne diminuent pas malgré les insuccès des Gilets jaunes ou encore des grèves en opposition à la réforme des retraites. Le 10 septembre dernier, un mouvement s'est engagé à bloquer l’activité productive du pays. Le 18, les syndicats sont parvenus à mobiliser plusieurs centaines de milliers de Françaises et de Français, et le 21, une nouvelle mobilisation populaire a fêté l'anniversaire de l'abolition de la royauté. Comment comprendre ces mobilisations et plus particulièrement celles qui s’émancipent du cadre syndical traditionnel ? L’étude des mouvements sociaux actuels est riche d’enseignements sur le moment que nous vivons et sur les évolutions qui minent la société française depuis le début de la décennie 1980.

En France, la crise politique et la crise sociale se tiennent la main et prennent des formes inattendues : instabilité ministérielle et mobilisations nouvelles. Notre pays vit une crise de l’avenir. L’horizon des attentes positives se dissipe. L’avenir est davantage pensé comme un ensemble de risques plutôt qu’en termes de projets rassembleurs. Depuis le milieu des années 1990, les thèmes de la fracture sociale, du creusement des inégalités ainsi que de la pauvreté laborieuse envahissent l’espace social. Et le corps social se mobilise de plus en plus souvent de manière inédite : coordinations, mouvement des Bonnets rouges, Gilets jaunes, Bloquons tout, etc.
Comment comprendre ces nouveaux modes d’action et mouvements sociaux qui prennent leurs distances par rapport aux partis et aux syndicats ? Que disent-ils de la société française et de ses évolutions récentes ? Une chose est sûre, les préoccupations économiques et sociales restent toujours largement dominantes.
La question de la survie politique de notre nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, ainsi que les éventuelles suites du mouvement social « Bloquons tout ! » attirent l'attention du monde médiatique. L'instabilité gouvernementale ne représente pas une surprise en soi tant le président de la République s’obstine à ne pas reconnaître sa défaite aux dernières élections législatives. L’ampleur du vote de défiance à l'encontre de François Bayrou a révélé combien le socle d’adhésion du gouvernement était désormais faible. C’est pourtant sur cette base si friable que le gouvernement s’apprêtait (et s’apprête toujours) à imposer par son budget de nombreux sacrifices à des catégories de Français déjà exsangues financièrement. Une telle orientation ne pouvait qu’accentuer le sentiment d’éloignement, voire de rupture, des élites administratives, politiques et privées vis-à-vis des réalités de la population.
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