Après avoir analysé la responsabilité des banques et de l’État dans la crise économique, Alain Lambert revient sur les carences institutionnelles de la Ve République. Dans cet entretien exclusif réalisé par Olivier Berruyer en 2013, l'ancien ministre délégué au Budget dénonce le dévoiement de la Ve République au fur et à mesure des diverses réformes constitutionnelles, et insiste sur la nécessité de la repenser, voire de la refonder.
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Alain Lambert (1946-), ancien notaire, est un homme politique français. Il a été sénateur de l’Orne pendant presque vingt ans (1992-2010), période durant laquelle il a également occupé les postes de Président de la commission des finances du Sénat (1998-2002) puis de ministre délégué au Budget (2002-2004).
Olivier Berruyer : Sur les questions démocratiques, vous estimez que les problèmes fondamentaux en France sont d'ordre institutionnels. Comment en sommes-nous arrivés là ?
Alain Lambert : L’horizon s’est terriblement réduit. Il existait une très grande instabilité politique sous la IVe République, mais les déséquilibres entre les pouvoirs n'étaient pas ceux qu'ils sont aujourd'hui. Sous la Ve République, les choses ont bien commencé parce que notre économie était encore très planifiée. Mais ensuite, la Constitution a été complètement dévoyée.
Selon moi, la première tragédie a été l’élection du Président de la République au suffrage universel. Elle donne au Président une légitimité bien supérieure à celle du Parlement. Cette légitimité suprême conférée à une seule personne a transformé notre système politique en une sorte de monarchie présidentielle. C’est bien pire qu’une monarchie constitutionnelle, puisqu’on lui donne une sorte de majesté, une prééminence, sur le gouvernement. Or, le Président devrait présider le gouvernement et non pas être son maitre. La « cerise sur le gâteau » aura été l'adoption du quinquennat et ses conséquences sur le calendrier électoral des législatives.
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