Fin de partie pour Yoon Suk-yeol. Le président sud-coréen, qui avait dynamité le fragile équilibre politique de son pays en déclarant inopinément la loi martiale dans la nuit du 3 au 4 décembre, a finalement été arrêté par la police le 15 janvier. Cette arrestation constitue le dernier rebondissement dans la crise qui secoue la Corée du Sud ; reste à voir si elle signifiera le début de sa résolution.

publié le 17/01/2025 Par Paul Fernandez-Mateo

Il n’est pas rare que les regards du monde entier se tournent vers la péninsule coréenne avec inquiétude. Il est en revanche plus inhabituel que ce soit Séoul qui catalyse cette inquiétude, plutôt que Pyongyang. Une crise politique en Corée du Sud ne peut qu’accroître la nervosité dans une région déjà agitée par le trublion Kim Jong-un et l’implication grandissante des deux Corées dans le conflit en Ukraine, sans même parler des ambitions chinoises à Taïwan et en mer de Chine méridionale.

L’issue de cette crise reste encore à déterminer. Destitué par le vote des députés, le président sud-coréen paye le prix de l’échec de sa purge ; reste à voir si la Cour constitutionnelle de Corée confirmera cette destitution. Le pays peut toutefois pousser un soupir de soulagement, maintenant que l’entêtement du président déchu et de sa garde rapprochée à se retrancher dans sa résidence a cédé face à la détermination de la police.

À quoi songeait le président Yoon Suk-yeol lorsqu’il a tenté de museler l’opposition politique sud-coréenne par la force en déclarant la loi martiale ? Et qu’adviendra-t-il de lui, et de la démocratie sud-coréenne, maintenant que sa tentative s’est soldée par un échec ?

Un « auto-coup d’État » mal calculé de Yoon Suk-yeol

En dépit de la stupéfaction qu’elle a provoquée, la décision de Yoon Suk-yeol n’est pas sortie de nulle part. Il est indéniable que, lorsqu’il a pris la décision d’instaurer la loi martiale, sa situation politique interne était très défavorable. Élu président de justesse en 2022, il devient rapidement impopulaire : sa cote de popularité s’est progressivement effondrée jusqu’à atteindre seulement 20 % d’opinions positives en septembre 2024, d’après les sondages. De plus, il devait composer avec une Assemblée nationale hostile, contrôlée par le principal parti d’opposition, le Parti Démocrate. Les élections législatives d’avril 2024 ont encore renforcé le contrôle du Parti Démocrate sur l’Assemblée, dans le contexte d’une campagne particulièrement violente, durant laquelle le président sud-coréen et le chef de l’opposition se sont régulièrement invectivés avec véhémence.

Lisez la suite et soutenez un média indépendant sans publicité

S’abonner
Accès illimité au site à partir de 1€
Des analyses graphiques pour prendre du recul sur les grands sujets de l’actualité
Des chroniques et des interviews de personnalités publiques trop peu entendues
Des synthèses d’ouvrages dans notre bibliothèque d’autodéfense intellectuelle
Et bien plus encore....

Déjà abonné ? Connectez-vous