En Allemagne, la masse monétaire a été multipliée par quatre depuis quarante ans et la monnaie très liquide en représente 80 %. La masse monétaire d’un pays désigne la quantité de monnaie qui y est en circulation. Dans la zone euro, elle est calculée et contrôlée par la Banque centrale européenne, qui veille à maintenir l’inflation à un certain seuil.
La masse monétaire allemande a été multipliée par quatre en quarante ans, passant de 840 milliards en 1980 à 3 650 milliards d’euros en novembre 2021. Cela représente 1,2 fois la valeur de son PIB de l’année 2020 (2 989 milliards d’euros). Si l’on distingue les trois agrégats monétaires, on s’aperçoit qu’elle est constituée, au quatrième trimestre 2021 :
- Pour 79 % d’argent très liquide M1 (pièce, billets, et comptes courants) contre 33 % en 1980.
- Pour 20 % d’épargne des ménages, d’épargne à court terme des entreprises et de dépôts à court terme (M2-M1) contre 63 % en 1980.
- Pour 1 % de placements monétaires à moyen et long terme (Obligations, M3-M2) contre 4% en 1980.
En regardant chaque sous-agrégat, on observe l’augmentation brutale de l’argent très liquide (M1) dans la masse monétaire globale à partir de 2008. Consécutivement à la crise des subprimes, la Banque centrale européenne (BCE) adopte en effet une politique monétaire non conventionnelle afin de combattre le risque de déflation et d’effondrement du système bancaire. Cette politique engendre une hausse soudaine de la masse monétaire dans toute l’Europe.
Cependant, l’Allemagne connaît une hausse particulièrement forte de M1 par rapport à la France. Depuis juin 2009, M1 a ainsi supplanté les dépôts à court terme (M2-M1) dans la masse monétaire allemande et est devenu le sous-agrégat majoritaire.
Au deuxième trimestre 2021, M1 représente 2870 milliards d’euros, soit 79 % de la masse monétaire allemande, contre seulement 56 % en France. Ces chiffres font donc bien apparaître une forte anomalie au niveau de la création monétaire dans la zone euro, en raison de la politique de rachats massifs de dette publique par la BCE, observée plus en détail dans notre précédente analyse.
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