Dark stores : stop à l'ubérisation de nos villes et de nos commerces

Cet été, un projet de décret gouvernemental reconnaissant aux « dark stores » le statut de commerces et non d’entrepôts, facilitant par là leur implantation dans les centres-ville, a déclenché une levée de boucliers de la part d’élus locaux de tous bords de l’échiquier politique. Si le gouvernement a finalement rétropédalé début septembre en annonçant que les dark stores seraient soumis à une plus stricte régulation, la multiplication de ces magasins fantômes interroge surtout sur les modèles de consommation prônés à l’heure de l’ubérisation de la ville et de l’essor de la « smart city ».

publié le 04/10/2022 Par Camille Musikian
Dark stores : stop à l'ubérisation de nos villes et de nos commerces

Les dark stores désignent les locaux utilisés par les plateformes de livraison ultra-rapide de biens de consommation courante, détenus par une poignée de géants du quick-commerce comme Gorillas, Flink ou encore Getir. En pratique, ces locaux ressemblent en tout point à des supermarchés classiques, à la différence que leurs vitres sont opacifiées, et qu’ils ne sont pas accessibles aux consommateurs qui voudraient y faire leurs achats, mais seulement aux livreurs qui prennent en charge la distribution des produits à vélo ou à scooter, à toute heure du jour et de la nuit.

Les dark stores suivent ainsi le modèle des « dark kitchens », ces restaurants fantômes qui ne sont utilisés que pour la livraison de repas, permettant une expansion à moindres frais des enseignes qui s’en partagent les locaux.

La multiplication des dark stores a notamment été portée par le changement des habitudes des consommateurs lors de la pandémie, qui ont eu tendance à faire davantage leurs courses alimentaires en ligne, mais surtout, dans des délais de livraison plus restreints. Ainsi, selon l’APUR (Atelier Parisien d'Urbanisme), en 2020, la vente de courses alimentaires livrées à domicile a progressé de 45 % en France et près de 30 % des courses en ligne sont aujourd'hui livrées le jour même, contre 15 % avant les confinements.

L’essor des dark stores soulève des problèmes de nature à la fois économique, écologique, sociale, urbanistique et politique. Leur modèle concurrence de manière déloyale les commerces traditionnels, qui risquent de déserter les centres-ville et de ne laisser aux citadins que le choix des grandes enseignes ou de la livraison en drive ou à domicile.

Lisez la suite et soutenez un média indépendant sans publicité

S’abonner
Accès illimité au site à partir de 1€
Des analyses graphiques pour prendre du recul sur les grands sujets de l’actualité
Des chroniques et des interviews de personnalités publiques trop peu entendues
Des synthèses d’ouvrages dans notre bibliothèque d’autodéfense intellectuelle
Et bien plus encore....

Déjà abonné ? Connectez-vous