La dette de la France a augmenté de 100 points de pourcentage en vingt ans, particulièrement lors des périodes de crise économique. On constate cette progression aussi bien pour la dette publique que pour la dette des entreprises et des ménages.

Depuis le début des années 2000, on observe que la dette cumulée des administrations publiques, des ménages et des sociétés non financières est passée de 145 % à 270 % du PIB au premier trimestre 2021, soit une augmentation de 125 %. On remarque également que la dette privée — ménages et entreprises — est passée de 80 % à 155 % du PIB, soit environ 60 % de la totalité de la dette française.


Dans le détail, on peut analyser différentes périodes dans l’évolution des dettes publiques et privées françaises. Ainsi, la dette des administrations publiques croissait au même rythme que celle des sociétés non financières entre 2000 et 2008, passant de 59 % à 67 % du PIB. Elle a ensuite augmenté de 24 points de pourcentage en seulement trois ans, en raison du plan de soutien à l’économie de 34 milliards d’euros, consécutif à la crise des subprimes.
Entre 2013 et 2019, la dette des administrations publiques a ensuite continué sa progression sur un rythme similaire à la période d’avant crise, pour se stabiliser à 100 % du PIB de 2016 à 2019. Puis en 2020, elle a atteint 115 % du PIB en trois trimestres, en raison des mesures prises face à la crise du Covid-19. Entre 2000 et 2021, la dette des administrations publiques a donc presque doublé, passant de 59 % à 117 % du PIB.


La croissance de l’endettement des entreprises non financières a été plus linéaire depuis vingt ans. Après une légère décrue entre 2001 et 2006 (-4 points de pourcentages), elle a recommencé à augmenter de manière linéaire (1 % par an) à partir de la crise des subprimes, jusqu’en 2019. La crise du Covid-19 a fait passer la dette des entreprises de 74 % du PIB fin 2019 à 85 % fin 2020. De 2000 au premier trimestre 2021, la dette des entreprises est ainsi passée de 50 % à 87 % du PIB.
Enfin, comme l’endettement public, l’endettement des ménages a doublé entre 2000 et 2020, passant de 33 % à 66 % du PIB. Les ménages sont donc sur une nette tendance à l’endettement, même si celui-ci progresse légèrement moins vite entre 2010 et 2019 qu’entre 2000 et 2010. Là encore, on perçoit les effets de la crise du Covid-19 : l’endettement des ménages a augmenté de 7 % entre le troisième trimestre 2019 et le premier trimestre 2021, soit autant qu’entre 2012 et 2019.
7 % d’endettement trimestriel en 2009, 23 % en 2020
Si l’on observe l’évolution de l’endettement par trimestre, on perçoit mieux les pics d’augmentation de la dette publique et privée lors des grandes crises. On se rend ainsi compte ici que les entreprises ont eu largement recours au crédit pour surmonter la crise de 2008, et que l’État a soutenu l’économie en dépensant jusqu’à 5 % du PIB au plus fort de la crise, lors des deux premiers trimestres 2009. Ce qui a porté l’augmentation trimestrielle de la dette jusqu’à 7 %.


On perçoit aussi le cataclysme économique qu’a été la crise du Covid-19. Au deuxième trimestre 2020, l’endettement total de la France a ainsi augmenté de 23 %, dont 13 % de dette publique, 8 % de dette des entreprises et 3 % de dette des ménages. C’est plus de trois fois supérieur au pic de la crise des subprimes.
Sur une courbe lissée et sur une période plus large, on peut aussi mieux se rendre compte des périodes d’endettement et de désendettement de l’État et des entreprises. L’État a ainsi connu deux périodes de désendettement majeur au cours des quarante dernières années :
- Entre décembre 1998 et mars 2001, où la dette a régressé jusqu’à -0,6 % du PIB, en raison des efforts consentis par la France afin d’entrer dans l’euro ;
- Entre décembre 2005 et juin 2007, où elle a régressé jusqu’à -0,5 % du PIB.


Les entreprises se sont quant à elles désendettées entre 1992 et 1998, puis entre 2002 et 2005 et entre 2011 et 2012. Enfin, les ménages se sont endettés continuellement depuis quarante ans en raison de la bulle immobilière, à l’exception d’une courte période de désendettement entre 1994 et 1996.
Une accélération de l’endettement public récente
Sur le temps long, on peut constater que la tendance à l’endettement de l’économie française ne date pas d’hier. Ainsi, entre 1979 et 2007 — sur une durée de 28 ans — la dette totale est passée de 96 % à 170 % du PIB, soit une multiplication par 1,8.


Si l’on regarde cette évolution de manière détaillée de 1979 à 2007 :
- La dette des administrations publiques est passée de 26 % à 67 % du PIB, soit une multiplication par 2,6 ;
- La dette des ménages est passée de 18 % à 47 % du PIB, soit une multiplication par 2,6 ;
- La dette des entreprises non financières est passée de 52 % à 58 %, soit une multiplication par 1,1, bien inférieure.


Cependant, à partir de 2008, on voit que ce processus s’accélère. Ainsi, de 2008 au premier trimestre 2021 — soit sur une durée de 13 ans — la dette totale est passée de 170 % du PIB à 270 % du PIB (une multiplication par 1,6) et la dette publique est passée de 67 % à 117 % du PIB.
Pour résumer, la dette totale de la France a autant augmenté au cours des 30 années précédant la crise des subprimes qu’au cours des 10 années qui lui ont succédé. L’endettement s’est donc bel et bien énormément accéléré depuis dix ans, en raison des crises des subprimes et du Covid-19.