Pour l'ancien ministre de l'Économie, le monde de l'entreprise est prisonnier d'un système infernal où seule compte la plus-value. La pression pour augmenter les dividendes est beaucoup plus forte que celle pour augmenter les salaires ; le fonctionnement d’une entreprise cotée n’encourage pas des décisions raisonnables et justes , et l'État doit intervenir pour empêcher ce « système pervers » de perdurer. Dans cet entretien exclusif réalisé par Olivier Berruyer en 2013, Francis Mer dénonce un système capitaliste déraillant et une irresponsabilité politique qui, en poursuivant les mêmes logiques néolibérales, ne pourra nous conduire qu'à une autre crise inévitable.
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Ancien ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, Francis Mer est un homme politique issu du milieu industriel. Sorti de polytechnique, il occupera notamment les postes de Directeur général adjoint du groupe Saint-Gobain (1978-1986), Président d’Usinor Sacilor (1986-2002) ou Président du conseil de surveillance du groupe Safran (2007-2011).
Olivier Berruyer : Le néolibéralisme constitue aujourd’hui la pensée dominante. Il existe toutefois des modèles alternatifs. Que pensez-vous du modèle chinois ou du capitalisme rhénan, très différent du capitalisme anglo-saxon ?
Francis Mer : Je suis frappée par la capacité de la Chine à récupérer des informations aux quatre coins du monde. Ils envoient des citoyens chinois à l’étranger afin de se renseigner et de s’informer sur la manière dont un pays traite certains problèmes. Ces citoyens restent six mois ou un an et reviennent en Chine avec une masse d’informations, de vécus, d’échanges et de documents en provenance du reste du monde. Cela leur permet d’élaborer une solution à leur problème en s’inspirant de l’étranger, ne retenant que ce qui leur paraît adapté à leur culture ou leur histoire.
En ce qui concerne le capitalisme rhénan, il faut savoir que comparativement à la France et l’Angleterre, l’Allemagne est un pays jeune. Lorsque ses entreprises se créent, dans les années 1760, elles ne se développent pas sous le contrôle de l’État, contrairement à ce qui se passe en France. En France, lorsque Colbert a organisé la construction de la galerie des Glaces, il a débauché quelques artisans vénitiens et les a installés à Saint-Gobain. La Compagnie des glaces de Saint-Gobain a ainsi été créée par la volonté de l’État, pour donner satisfaction au roi.
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