L’Union européenne poursuit sa trajectoire commerciale fondée sur le libre-échange : en septembre, elle a signé un accord avec l’Indonésie et continue de dérouler son calendrier de négociations. Tout cela se fait sans véritable débat au sein des nations, si ce n’est de manière très indirecte, par l’intermédiaire du Parlement européen. Depuis près de vingt ans, l’Union européenne réaffirme sa foi dans le libre-échange : plus de quarante accords ont été ratifiés, la plupart restant méconnus des populations, alors même qu’ils les exposent à de nouvelles concurrences extérieures. Alors que l’Union poursuit ce programme, quel bilan peut-on tirer de cette politique commerciale ? Ne révèle-t-elle pas la nécessité de changer de cap, tant l’Union européenne apparaît souvent comme « l’idiot utile » de la mondialisation, incapable de faire entendre une voix cohérente ?
Dans une indifférence quasi générale, l’Union européenne a signé en septembre 2025 un accord de libre-échange avec l’Indonésie. Comme il relève de la compétence exclusive de l’Union, il appartiendra au Parlement européen de se prononcer. L’Indonésie ne représente que 0,4 % des exportations européennes, mais elle revêt un intérêt stratégique évident : garantir à l’Union un approvisionnement en nickel et en cobalt, minerais essentiels dans un contexte géopolitique troublé.
L’Union européenne s’est d’ailleurs félicitée de cet accord, affichant sa volonté de persister dans le multilatéralisme tout en assumant son intérêt pour des matières premières clés. L’accord prévoit un gain estimé à 600 millions d’euros pour les exportations européennes — dans les secteurs de l’automobile, des produits chimiques, agricoles, du vin, des biscuits ou du chocolat —, un montant qui reste modeste rapporté aux vingt-sept États membres. Cet accord, pourtant, a nécessité plus de six ans de négociations, tant certains dossiers ont été âpres, notamment celui de l’huile de palme, véritable pierre d’achoppement, qui a exigé un avenant spécifique.
L’Indonésie représente plus de 50 % de la production mondiale d’huile de palme, pilier de son économie et source de millions d’emplois. L’Union européenne, de son côté, a adopté en 2023 un règlement interdisant l’importation de produits liés à la déforestation (huile de palme, cacao, café). Ces importations doivent être traçables et durables, ce qui représente un coût pour certains producteurs indonésiens. L’exonération de droits de douane à hauteur de 80 %, y compris pour l’huile de palme, n’empêche pas la mise en place d’un dialogue permanent sur la durabilité et le respect des règles européennes.
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