« On a sacralisé le Marché comme détenteur de la vérité » - G. de la Martinière

Pour l'ancien Directeur général de la Bourse de Paris, les marchés financiers sont devenus des lieux de « confrontation instantanée de spéculation ». Dans cet entretien exclusif réalisé par Olivier Berruyer en 2012, Gérard de la Martinière revient sur la dérégulation des années 1980 et dénonce une « fascination » pour la libéralisation et « un univers de manipulation de cours permanente ».

publié le 10/07/2022 Par Olivier Berruyer
« On a sacralisé le Marché comme détenteur de la vérité » - G. de la Martinière

Ancien inspecteur des finances, Gérard de la Martinière (1943 -) est une personnalité du monde des affaires. Il a occupé divers postes à responsabilité dans le milieu financier. Il a notamment été Secrétaire général de la Commission des Opérations de Bourse (1984-1986), Directeur général de la SBF-Bourse de Paris (1988-1989) et Président de la Fédération Française des Sociétés d’Assurances (2003-2008).

Olivier Berruyer : M. de la Martinière, comment avez-vous vécu la dérégulation des années 1980 ?

Gérard de la Martinière : Après avoir passé de nombreuses années à la Direction de la Comptabilité publique, j’ai commencé à travailler à la Commission des Opérations de Bourse (COB) en août 1984, alors que le système commençait à changer. C’était évidemment un point d’observation passionnant sur ce qui se passait à Londres depuis deux ou trois ans et nous savions que le marché français encore très traditionnel, cloisonné, piloté par le Trésor, finirait aussi par se moderniser.

En novembre 1984, il s’est produit une mini-crise sur le marché obligataire, considérée à l’époque comme une alerte sérieuse. Personne n’avait véritablement compris comment cela était arrivé. À la demande du président de la COB, j’avais fait le tour des grandes banques et de la Caisse des Dépôts pour me faire expliquer ce qui s’était passé. À ma grande surprise, cette crise n’avait pas de motifs économiques, mais découlait d’une conjonction d’incidents : des opérations de refinancement du Trésor avaient été mal positionnées par rapport à un long weekend autour du 1er novembre.

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