Montée des eaux : les grandes villes asiatiques bientôt submergées ?

Bangkok, fin septembre 2022, le général putschiste Prayut Chan-o-cha mobilise ses troupes. L’ennemi du jour est désigné : c’est le super typhon Noru qui s’est abattu sur le Vietnam et qui s’approche de la Thaïlande. Officiellement, tout est sous contrôle, car le typhon Noru, en fin de vie, a été rétrogradé au rang de tempête tropicale. Ses pluies étaient censées être mitigées par les barrages du bassin de la Chao Praya. Pourtant, loi de Murphy oblige, c'est un véritable déluge qui se déversa sur le royaume, et les lacs de retenue furent rapidement saturés.

En urgence, les vannes furent ouvertes en amont de la Cité des Anges afin de protéger le cœur économique du pays. Tant pis pour les riziculteurs de la plaine centrale, ces éternels sacrifiés furent une fois de plus inondés au nom de l’intérêt général. Pour faire bonne mesure, la junte déploya ses troupes pour nettoyer les canaux engorgés de détritus de Bangkok, une plaie récurrente qui ressurgit à chaque fois que la capitale thaïlandaise frôle la submersion.

Il flotte comme un air de déjà vu, en 2011, année où les crues furent particulièrement sévères l’armée ne fit guère mieux. Le principal conseiller privé de Sa Majesté, l’ex-Premier ministre, le général Prem Tinsulanonda imagina alors un plan grandiose. Un millier de navires devaient être alignés sur la Chao Praya, leurs moteurs y tourneraient à plein régime afin « d’accélérer l’écoulement des eaux ». Une technique pour le moins singulière si l’on y réfléchit un instant, mais peu importe l’efficacité d’une telle mesure, la face des militaires était sauve. Ils avaient agi pour le bien public.