Le recyclage n’est pas le remède miracle qui permettra de maintenir nos modes de consommation actuels. Flore Berlingen, directrice de Zero Waste France de 2013 à 2020 et co-fondatrice de L’Observatoire du principe pollueur-payeur, auteure de Recyclage : le grand enfumage, comment l’économie circulaire est devenue l’alibi du jetable (Rue de l’échiquier, 2020) et de Permis de nuire : sous le règne des pollueurs-payeurs (2022), invite à penser le recyclage non pas seulement comme un ensemble de procédés techniques, mais comme un système économique dont elle souligne les importantes limites.
Laurent Ottavi (Élucid) : Votre livre paru en 2020 cible l’orientation que les grands groupes et les gouvernants donnent à leurs engagements écologiques. Le recyclage serait-il l’arbre qui leur permet de cacher la forêt ?
Flore Berlingen : Le simple fait de recycler ne rend pas un objet durable ou soutenable. Les efforts en ce domaine ne se sont d’ailleurs pas accompagnés d’une remise en question des activités fondées sur l’emballage à usage unique. Les objets en eux-mêmes sont eux aussi toujours conçus pour une durée de vie limitée, en tout cas beaucoup plus courte que ce qu’il serait possible de faire, quand ils ne sont pas à usage unique. Ils ne sont en général pas réparés, car acheter du neuf coûte moins cher, ou ils sont jetés avant d’être hors d’usage.Le recyclage est utilisé comme un écran de fumée, d’où le sous-titre de mon livre, afin de ne pas mettre les réglementations nécessaires à l’ordre du jour. Il sert à rassurer les consommateurs qui pensent pouvoir, de cette manière, proroger leurs modes de vie.
D’autre part, le recyclage est aussi un écran de fumée, dans le sens où il recouvre plusieurs réalités très différentes en raison de ses difficultés opérationnelles. Dès qu’on récupère de la matière et qu’on la réutilise dans un cycle de production, on parle de recyclage, or il faut examiner si les conditions nécessaires sont réunies, ses différents niveaux et ses différentes qualités. Ce n’est pas du tout la même chose de parler d’un recyclage en boucle ouverte ou fermée ou d’un circuit de recyclage local ou complément mondialisé. Cela n’a pas la même valeur d’un point de vue social, économique, environnemental et d’autonomie des différents pays ou régions concernés.
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