Accord Iran-Arabie saoudite : un séisme géopolitique au Moyen-Orient ?

Le rapprochement annoncé récemment entre l’Arabie Saoudite et la République islamique d’Iran constitue à l’évidence une secousse géopolitique d’ampleur. Toute la question est de savoir, cependant, quel sera son impact sur les lignes de faille qui fracturent la région depuis des décennies.

publié le 17/04/2023 Par Éric Juillot
Accord Iran-Arabie saoudite : un séisme géopolitique au Moyen-Orient ?

C’est un coup de théâtre comme la diplomatie en réserve rarement. Un revirement si spectaculaire qu’il a pris au dépourvu même les meilleurs spécialistes. Le 10 mars dernier, de hauts représentants de l’Arabie Saoudite et de l’Iran ont officiellement fait savoir, depuis Pékin, que leurs deux pays allaient s’engager dans un processus de rapprochement, qui se traduirait d’emblée par le rétablissement des relations diplomatiques rompues en 2016.

De la part de ces États que tout oppose et qui s’affrontent indirectement sur tous les théâtres d’opérations du Moyen-Orient, cette nouvelle est si peu attendue qu’elle semble annoncer un tournant. Elle s’inscrit cependant dans un cadre géopolitique complexe, structuré par des antagonismes profonds, des intérêts sécuritaires mouvants et l’intervention de puissances extérieures qui rendent l’évaluation de sa portée particulièrement ardue.

Un succès pour la Chine

C’est l’aspect le plus évident de l’événement. Le rapprochement irano-saoudien apparaît comme un brillant succès de la diplomatie chinoise. Pékin réalise ici un coup de maître, à forte charge symbolique : pour la première fois depuis 1945, la domination hégémonique des États-Unis dans le golfe arabo-persique est ébréchée, non pas par une puissance régionale qui s’y oppose – à l’image de l’Iran depuis 1979 – mais par une grande puissance extérieure, qui affirme de la sorte son ambition mondiale, à des milliers de kilomètres de son territoire. L’entrisme géopolitique de la Chine au cœur de cette raison stratégique constitue un défi ouvert lancé aux États-Unis, une contestation frontale de leur puissance, qui précipite la fin du monde unipolaire né en 1991 de la disparition de l’URSS.

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