En 2026 sera célébré le quarantième anniversaire des privatisations lancées par la droite lors de son retour aux affaires. Ce processus doit faire l’objet d’un bilan, car il a puissamment contribué à la désindustrialisation du pays. La croyance idéologique en la supériorité du privé sur le public empêche souvent la tenue d’un examen sincère. Pourtant, si la France se trouve aujourd’hui si démunie dans la compétition mondiale, et peine surtout à financer son modèle social, c’est aussi en raison de ses errements industriels. Le milieu des années 1980 a vu converger plusieurs dynamiques – financiarisation, ouverture accrue des économies, poids des contraintes européennes – qui ont œuvré à l’affaiblissement de nos sociétés. À défaut d’un virage radical, le peu de base industrielle qui subsiste encore dans notre pays risque d’être compromis.

publié le 30/12/2025 Par Frédéric Farah

Ainsi va l’histoire économique, d’anniversaire en anniversaire, souvent oubliés alors même qu’ils ont marqué des tournants décisifs de notre vie nationale. L’an prochain marquera donc le quarantième anniversaire du lancement du processus de privatisations : une dynamique parfois ralentie, mais jamais vraiment interrompue. La nationalisation apparaît désormais résiduelle, comme l’illustre le cas d’EDF, et n’est plus un outil de politique industrielle. Celles de 1981-1982 resteront probablement les dernières.

Toutefois, le 27 novembre dernier, un véritable coup de tonnerre a retenti dans le ciel néolibéral : l’Assemblée nationale a adopté la proposition de La France insoumise visant à nationaliser l’entreprise sidérurgique Mittal France. Mais le chemin reste long avant l’adoption définitive de la loi. La chape de plomb néolibérale ne se fissurera pas si facilement.

Les privatisations initiées au milieu des années 1980 s’inscrivent en effet dans un tournant néolibéral, rompant avec l’économie mixte qui avait prévalu après la Seconde Guerre mondiale. En redessinant les contours des entreprises publiques, elles ont largement contribué au mouvement de désindustrialisation de l’économie française.

Revenir sur les privatisations, c’est aussi raconter une histoire française : celle de l’échec d’élites politiques et administratives qui, cédant aux vents du libéralisme des années 1980, ont accru la vulnérabilité de notre économie. Ce sont des savoir-faire, des apprentissages, des compétences qui ont disparu dans leur sillage.

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