Au soulagement ressenti par les sympathisants de gauche au soir du second tour des législatives ne doit surtout pas succéder un retour aux ornières idéologiques qui la coupe du peuple. Pour jouer son rôle historique d'alternative politique, il lui faut au contraire engager un profond mouvement de réforme idéologique.
Viendra un jour où l’indignation vertueuse ne suffira plus. Si une énième remobilisation civique sur le thème du barrage républicain a permis de limiter l’ampleur du succès obtenu par le RN à l’occasion des dernières élections législatives, il n’est pas certain que ce barrage suffise à empêcher l’accession à la présidence de la République de Marine Le Pen en 2027. La rhétorique « antifasciste » a pu fonctionner efficacement face à la perspective, pour la première fois sérieuse, d’une arrivée au pouvoir du RN, mais la simple accoutumance à cette idée faisant son chemin, le barrage pourrait ne pas être aussi solide à l’avenir.
Une victoire à la Pyrrhus ?
Surtout, il a ceci de contre-productif qu’il dispense les forces de gauche de tout examen critique dans leur responsabilité historique dans la montée du RN. Il est très confortable en effet, même grisant, de placer la lutte sur le plan moral, sur celui des principes éthérés face auxquels il est inconcevable de transiger, autant parce qu’on y croit réellement que pour la sensation délicieuse que procure la certitude d’appartenir au camp du Bien.
Ce réflexe fort répandu dispense en outre de se heurter à la cruelle réalité d’une gauche durablement coupée de l’essentiel de l’électorat populaire. Alors que jusqu’en 1981, elle s’en était historiquement fait la messagère, alors que son ambition devant l’Histoire résidait depuis plus d’un siècle dans l’émancipation de cette frange de l’électorat, la gauche n’est aujourd’hui plus que l’ombre d’elle-même sur ce point.
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