
« Plus nous parlerons, plus nous pourrons éviter les malentendus et les erreurs d’appréciation qui pourraient déboucher sur une crise ou un conflit », lançait innocemment Lloyd Austin, le secrétaire d’État à la Défense des États-Unis, lors de son élocution du 3 juin au dialogue de Shangri-la. Selon les apparences, Lloyd Austin détenait le beau rôle. Mais le refus cinglant du général Li Shangfu de le rencontrer en tête à tête était prévisible. Depuis août 2022, les communications entre les états-majors chinois et américains sont rompues, et ceci à l’initiative de Pékin.
Toutefois, cette rupture fait suite au séjour de la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, Nancy Pelosi, à Taïwan. En amont de cette visite officielle, dont personne ne niera l’aspect provocateur, Pékin avait prévenu qu’il y aurait des rétorsions. Celles-ci se concrétisèrent par des exercices tactiques d’une ampleur inégalée. L’île « rebelle » au regard de Pékin fut encerclée par la marine chinoise, qui procéda à une répétition grandeur nature et à balles – et missiles – réelles de son éventuelle « libération » selon le point de vue pékinois. En sus, les contacts militaires avec les États-Unis furent interrompus et n’ont pas repris à ce jour.
Provocations partagées
Restons lucide, les torts sont partagés : provocation d’un côté, surréaction de l’autre et vice-versa. Ces gesticulations caractérisent les rapports sino-américains actuels. Parmi les faits marquants, notons la « nanoguerre économique » déclenchée par les États-Unis autour des semi-conducteurs, ces fameuses puces électroniques essentielles à l’industrie. Notons aussi l’épisode calamiteux de la destruction du ballon-espion chinois survolant les États-Unis en février 2023.
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