Il est l’agent d’un mouvement qui le dépasse. La réélection de Donald Trump a ceci de spectaculaire du point de vue idéologique qu’elle va accélérer très sensiblement le changement en cours à l’échelle occidentale, qui voit s’étioler le paradigme globaliste au profit d’une nouvelle dominance idéologique. Pour le dire en un mot, l’État, perçu comme un problème depuis des décennies, va peu à peu de redevenir une solution, comme réceptacle et acteur des communautés politiques soucieuses de retrouver davantage de maîtrise de leur destin.
Le globalisme désigne communément l’idéologie dominante qui s’est installée dans les esprits à compter des années 1980. Il s’est caractérisé, dans l’ordre économique, par un certain nombre de croyances explicites et de réalités objectives qui ont dominé sans partage le débat politique : primauté du Marché sur l’État, asservissement de ce dernier à une finance dérégulée, promotion du libre-échange comme une fin en soi, etc.
Mais le globalisme possède aussi une dimension politique, irréductible à sa seule volonté de réduire et d’asservir l’État aux intérêts de la haute finance internationale. Il en a en effet rongé le principe, altéré la substance en contestant, avant même son pouvoir, son principe : il n’était pas simplement ordonné à l’État de reculer face au Marché, mais également face au droit, face à une science juridique chargée d’entraver sa puissance au nom de droits individuels toujours plus étendus. La consécration de l’individu-roi exigeait l’abaissement de la puissance tutélaire de la chose publique : elle l’a obtenue.
D’un paradigme à l’autre
Primauté du Marché, primauté de l’individu : à ses dimensions économique et politique, il convient d’ajouter au globalisme une strate, pesant sur le sens et la force du lien qui unit les individus à l’échelle collective, au-delà des relations interpersonnelles. Alors que plusieurs siècles d’Histoire avaient érigé les nations comme cadre apparemment indépassable d’une identité collective substantielle, fondement du seul ordre politique légitime concevable, les décennies écoulées ont rivalisé de critiques et d’attaques contre ce cadre désormais perçu aliénant, faussement émancipateur, au profit d’identités infra- ou supranationales.
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