Annoncé en 2016, le plan Vision 2030 vise à diversifier l’économie saoudienne et à sortir le Royaume d’un modèle « tout pétrole » qui montre ses limites. Financé à la fois par le gouvernement et par le secteur privé, ce plan confronte les intérêts économiques et politiques de Mohammed ben Salmane, entre ouverture aux investisseurs internationaux et renforcement de sa mainmise autocratique sur la société.
Vision 2030 frappe avant tout par la mégalomanie de ses projets phares et de la communication qui l’entoure, d’ailleurs orchestrée par de grands cabinets de conseil américains – avec McKinsey et le BCG en première ligne. Le projet Neom, qualifié par ses promoteurs d’« accélérateur du progrès humain » et dont le coût est estimé à 500 milliards de dollars, en est la plus emblématique représentation. Il comprend notamment la ville futuriste « The Line », étendue sur une ligne de 170 kilomètres, et dont les quartiers seront reliés les uns aux autres par des transports en commun souterrains – une ville sans voiture.
En mars 2022, une vidéo promotionnelle de Neom du site Trojena, une station de ski en plein désert, a suscité la risée des internautes sur Twitter : on y voit les skieurs… remonter en glissant les pentes des sommets, dans un surréalisme total – et sans doute à la mesure des ambitions de Mohammed ben Salmane. Cette démesure n’empêche d’ailleurs pas ce dernier d’axer sa communication sur la durabilité environnementale de son projet, cochant au passage toutes les cases du greenwashing.
Ce projet n’est pas sans rappeler celui mis en œuvre aux Émirats arabes unis dans les années 2010. Le schéma est d’ailleurs similaire : après une prise de pouvoir autocratique à l’intérieur du pays, MBS a adopté une stratégie de modernisation de l’économie qui mise avant tout sur les technologies.
Succession de freins
À ce stade, le secteur du divertissement représente le champ le plus avancé de transformation dans le cadre de Vision 2030. Riyad cherche en effet désormais à s’affirmer comme un haut lieu de rayonnement culturel. Fait impensable il y a une quinzaine d’années de cela, les plus grandes stars de la musique du monde arabe s’y pressent désormais pour donner des concerts.
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