Les gesticulations d'arrivistes semblent désormais résumer « la politique » et répandent toujours plus de dégoût et de désarroi dans le pays, en particulier depuis la dissolution de l'Assemblée nationale en 2024. Pourtant, dans les campagnes, à bas bruit, des citoyens s'organisent à plus ou moins grande échelle, tantôt avec (ou depuis) les petites municipalités, tantôt sans. Ou comment les espaces ruraux réinventent la démocratie.
« Petits éco-gestes », jardins partagés, zéro déchet etc. : les initiatives d'une sorte de micro-écologie du quotidien essaiment à travers la France et à travers le monde. Elles sont le symptôme tout à la fois d'une conscience du désastre écologique global, d'un besoin de s'éloigner du monde artificiel, urbain et technologisé et de renouer avec le concret, mais aussi d'une désillusion vis-à-vis de « la » politique, souvent perçue dans sa forme dominante : le carnaval des partis, des élections et des institutions d'État ou supra-étatiques au service du capital financier. Souvent, de telles initiatives sont moquées ou minimisées, en tant qu'elles seraient compatibles avec le capitalisme : on peut en effet démultiplier les initiatives de permaculture, elles n'en resteront pas moins vaines si un seul agro-industriel répand sur son champ tel ou tel poison phytosanitaire. Les apiculteurs, d'ailleurs, les premiers, en savent quelque chose.
Pourtant, cette opposition entre des initiatives concrètes d'une écologie pratique et une action collective en vue d'une transformation institutionnelle – réformiste ou révolutionnaire – ne tient pas absolument. D'une part, cela revient à ne pas saisir la valeur intrinsèque de l'expérience concrète – du jardinage, de la cueillette de champignons, de la pêche à pied, de la maîtrise de savoir-faire –, qui donne confiance en soi et en ses facultés, qui éduque la sensibilité au monde environnant et au constatable désastre. D'autre part, c'est aussi ne pas saisir que les deux ne s'opposent pas et que les mêmes qui s'impliquent dans des micro-initiatives ici ou là se retrouvent aussi souvent dans les cercles militants (syndicats, groupes anarchistes, partis…), dont ils partagent des espaces communs.
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