Inde : Modi poursuit sa campagne sous l’égide du communautarisme

15 août 1947, l’Inde découpée en trois entités distinctes (Inde, Pakistan occidental et oriental) recouvre son indépendance. Du jour au lendemain, des millions d’hindous et de musulmans se retrouvent du mauvais côté de frontières qui, la veille, n’existaient pas. Un exode de 10 à 20 millions de personnes s’ensuivit. En quelques semaines, les violences intracommunautaires généreront jusqu’à 2 millions de morts. 77 ans plus tard, les plaies de la Partition indienne ne se sont que partiellement refermées. Frères ennemis, l’Inde hindouiste et le Pakistan musulman demeurent à couteaux tirés. Campagne électorale oblige, le suprématisme hindou est mis en exergue par le Premier ministre sortant, afin de mobiliser l’immense majorité de la population.

publié le 26/04/2024 Par Jack Thompson

« Wagah border », cet amphithéâtre longiligne évoque celui du Circus Maximus de Rome. À défaut de courses de chars, d’athlétiques gardes-frontières indiens et pakistanais se défient dans une chorégraphie envolée. C’est à qui marchera le plus énergiquement possible vers l’ennemi tout en levant les jambes à l’horizontale, avant de stopper net à un pas de la ligne de démarcation. En retrait de la Border Security force indienne, un officier encourage le public venu par milliers : « Hindoustan ! ».

« Bharat ! Bharat ! Bharat ! » (Inde ! Inde ! Inde !), les ovations montent crescendo dans les gradins. La foule peinte aux couleurs nationales se lève, des milliers de poings serrés sont brandis. De l’autre côté de la frontière, une scène identique se déroule au son de « Pakistan ! Pakistan ! Pakistan ! » Ambiance...

À la sortie du poste-frontière indien, un grand panneau attire l’attention. Le Premier ministre Narendra Modi y proclame sa « garantie », celle d’une Inde débarrassée du terrorisme. Un touriste indien originaire du lointain État du Kerala ne mâche pas ses mots, « ce sont [les Pakistanais] nos ennemis ». Il évoque l’attentat organisé par des islamistes venus du Pakistan à Mumbai en 2008, qui fit 175 victimes. « Rahul Gandhi ne fait rien pour les Indiens, Modi nous défend ».  À l’instar de centaines de millions d’hindous, il votera pour le Premier ministre sortant. Sauf surprise, Narendra Modi sera réélu pour un troisième mandat en juin prochain.

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