Alors que les déclarations en faveur d’une réindustrialisation européenne se multiplient, les indicateurs économiques crient une réalité tout autre.

publié le 08/05/2024 Par Jordi Lafon

Depuis 2020, la rengaine est bien installée dans les cercles politico-médiatiques européens et français : une réindustrialisation de l’économie est souhaitable, voire nécessaire. Et à force de l’entendre tourner en boucle, on pourrait aisément croire qu’elle est en cours, ou du moins qu’elle a débuté. Pourtant, les indicateurs économiques aux niveaux français et européen font état d’une situation diamétralement opposée.

En janvier 2024, l’Insee enregistre une baisse du chiffre d’affaires de l’industrie manufacturière en France. Sur le premier trimestre de cette année, l’indice PMI de la zone euro, une mesure mensuelle de la santé générale des usines, compilée par S&P Global, est en constante baisse. Le continent européen est peu attractif pour les investissements mondiaux : alors que ceux-ci se sont stabilisés à l’échelle mondiale en 2023, seuls 10 % sont fléchés vers l’Europe, contre 54 % vers l’Asie et 28 % vers l’Amérique, d’après le baromètre mondial des investissements industriels de Trendeo.

Restée naïve face à une Chine stratégiquement redoutable en la matière, l’Union européenne est prise en étau maintenant que la stratégie américaine de réindustrialisation porte ses fruits. L’économie européenne accuse un double retard à la fois dans la course à la réindustrialisation par rapport aux États-Unis, mais également un retard technologique par rapport à la Chine. Il existe de nombreuses causes structurelles à cette situation, mais l’impuissance de l’industrie européenne prend sa source dans les fondements idéologiques de l’UE. Comme le rappelle Thomas Grjebine, économiste au CEPII :

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