Un rapport parlementaire a récemment été consacré à la politique africaine de la France. S’interrogeant au sujet du déclin relatif de l’influence et du poids de notre pays sur ce continent, il tente de faire le départ entre les éléments structurels à l’origine de ce déclin – sur lesquels il sera difficile de peser – et sur les éléments conjoncturels, à propos desquels toute une série d’ajustements sont recommandés.

publié le 31/12/2023 Par Éric Juillot

Après les indépendances, survenues pour la plupart en 1960, la France a des décennies durant exercé un rôle géopolitique majeur en Afrique (non sans dérives, comme l'ont montré tous les crimes et pillages encore trop méconnus de la Françafrique) : par l’intensité des liens qu’elle a conservés avec ses anciennes colonies, par l’étroitesse des réseaux unissant les milieux dirigeants, par son implication militaire dans le soutien aux régimes en place et dans la lutte contre l’influence soviétique à l’époque de la Guerre froide. Cependant, il faut constater que, depuis une trentaine d’années, la France a vu se déliter l’essentiel de ce qui constituait son « pré carré », en raison en tout premier lieu de facteurs globaux sur lesquels elle n’a parfois guère de prise.

Un recul inévitable

Les auteurs du rapport – Michèle Tabarot et Bruno Fuchs – insistent un peu naïvement sur la montée en puissance de concurrents stratégiques et économiques qui ont manifesté un intérêt croissant pour l’Afrique à compter des années 1990. La réalité est plutôt que la France s'est assoupie sur son influence post-coloniale, en se disant qu'elle durerait ad vitam aeternam, alors qu'évidemment, des acteurs pesant beaucoup plus qu'elle ont fini par s'installer logiquement sur ce continent prometteur : on songe bien sûr à la Chine qui, forte de sa prodigieuse ascension économique, est devenue le premier partenaire commercial du continent. Mais il convient de citer également la Turquie, l’Allemagne – dont le poids économique sur le continent égale aujourd’hui celui de la France –, ainsi que la Russie, de retour depuis une dizaine d’années après la longue éclipse post-soviétique des années 1990 et 2000.

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