Iran : la stratégie d'un archipel chiite vers la Méditerranée

En octobre 2019, en contrepartie de son engagement en Syrie, l’Iran reçoit la concession du port de Lattaquié. Cependant pour pouvoir profiter pleinement de son nouveau débouché maritime, la République Islamique doit sécuriser un axe routier la reliant à la ville portuaire syrienne.

Déjà présent au sud-Liban, l'Iran a pu renforcer sa présence en Irak après l'invasion de 2003 et en Syrie à partir de 2011. Ce positionnement de l'Iran dans plusieurs pays a été décrié par ses adversaires. La création d’un corridor terrestre inquiète les ennemis du régime des Mollahs.

Cet axe permettrait à Téhéran d’accentuer sa pression sur Israël mais aussi d’atteindre la Méditerranée. Ses ennemis parlent de « croissant chiite » ou « d’axe chiite ». Cependant ce terme ne correspond pas exactement à la réalité. Il serait plus juste de parler, comme le souligne Bernard Hourcade, d’un « archipel chiite ». C’est à travers cette métaphore qu’il faut observer la stratégie iranienne.

Téhéran n’a pas les moyens économiques ou militaires pour maintenir des forces importantes et sur le long en terme dans la zone syro-irakienne. Cependant elle va s’appuyer sur certaines communautés et des relais locaux afin de se maintenir dans des zones stratégiques.

Redessiner la démographie

En plus du Hezbollah Libanais, l’Iran utilise des forces supplétives issues de minorités chiites venant principalement d’Irak, d’Afghanistan et du Pakistan. Elle organise, forme et arme ces différentes communautés pour que celles-ci se battent pour ses intérêts dans la région et notamment en Syrie.